dimanche 12 juin 2011

Éditions Saint Remi.

Editions Saint-Remi 9 juin 2011 00:09
Répondre à: Editions Saint-Remi

BELLES RECENSIONS DE L'ACTION FAMILIALE ET SCOLAIRE

Nous rendons hommage à la revue Action Familale et Scolaire, qui vient de faire paraître dans son n°215 de belles recensions de nos éditions, dont nous vous faisons part. Pour commander des n° de leur revue ou vous y abonner : Action Familiale et Scolaire - BP 80833 75828 Paris - Tel : 01 46 22 33 32 - afs.a@wanadoo.fr
Nous remercions donc vivement l'Action Familiale et Scolaire de nous aider à faire connaître ces deux grands auteurs que sont Mgr Delassus et le père Ayroles, dont nous avons réédités toutes les oeuvres si importantes pour une restauration catholique de la société.
Nous invitons maintenant l'Action Familiale et Scolaire à continuer cette action formatrice, avec les ouvrages de Mgr Gaume, pour une formation religieuse profonde et vraie des catholiques qui veulent garder la Foi.

Tout d'abord un bel article (voir tous les articles ci-dessous) articulé autour des deux livres essentiels sur Sainte Jeanne d'Arc et sa Mission, publiés aux éditions Saint-Remi:
Le Rnd Père
J.B.J. AYROLES
JEANNE D ARC SUR LES AUTELS ET LA REGENERATION DE LA France
Prix : 25.00€

Mgr
Henri DELASSUS
LA MISSION POSTHUME DE SAINTE JEANNE D ARC et le règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ
Prix : 26.00€

Puis une recension alléchante de :
Mgr
Henri DELASSUS
L' ESPRIT FAMILIAL, DANS LA MAISON, DANS LA CITE ET DANS L’ETAT
Prix : 16.00€
Prix promo 14,40 €

Pour la jeunesse, une recension des neufs Nonni par Jón Svenson, parue sur plusieurs n° de l'action familiale et scolaire. Nous avons regroupé toutes ces attrayantes présentations sur cette page : NONNI


Sont présentés également pour la jeunesse :
Mgr
de SEGUR
LA PRESENCE REELLE, et les miracles du Saint-Sacrement.
Prix : 8.00€

Le Père
Francis FINN
CE PETIT GARÇON DE BUREAU
Prix : 14.00€

RAISONNER EN POLITIQUE

Jeanne d’Arc, ou la renaissance française

Si vous aimez la France, si vous croyez à sa mission temporelle, si vous pensez qu’elle peut sortir rajeunie des épreuves actuelles comme elle a triomphé des difficultés du début du XVe siècle qui ont failli l’emporter, alors, lisez le livre du R. P. Ayroles, "Jeanne d’Arc sur les autels et la régénération de la France".[1]

L’auteur est une grande figure de la Compagnie de Jésus. Il naquit en 1828 à Bordeaux et mourut en 1921. Anti-libéral du point de vue religieux, contre-révolutionnaire du point de vue politique, il a été, par ses travaux historiques, le véritable artisan de la canonisation de sainte Jeanne d’Arc.

Le Pape de l’époque, Léon XIII, le qualifie de "principal témoin" de cette histoire, et tous les auteurs qui ont travaillé sur la Sainte de la patrie se sont rapportés à ses ouvrages.

I - L’œuvre du R.P. Ayroles

Au XIXe siècle, à son époque, la France se voit dépossédée de son temporel chrétien et dominée par des forces étrangères à son être historique. Vous connaissez la suite : les meilleurs catholiques réagissent et veulent rendre au pays sa légitimité monarchique. Dans son domaine spirituel, le père Ayroles a pour idée d’obtenir de Rome la canonisation de Jeanne d’Arc, pour apporter à la France les secours du ciel.

Nous sommes, depuis, beaucoup plus affaiblis et beaucoup moins catholiques qu’au XIXe siècle. Mais la canonisation de Jeanne est faite et l’on peut espérer que l’Église triomphante vienne en aide à l’Église militante, car la canonisation confère aux saints une nouvelle mission.

Depuis le père Ayroles, presque cent ans se sont passés et la crise qui nous touche paraît, elle aussi, n’en plus finir. Mais ne peut-on pas penser que Jeanne d’Arc soit toute désignée pour nous réconforter dans l’Espérance, elle qui relève la France morte de la guerre de 100 ans ?

La pensée du père Ayroles sur ces questions se trouve dans son livre : "Jeanne d’Arc sur les autels et la régénération de la France". Il est impossible d’en résumer les 450 pages, mais en voici l’idée principale.

II — Pour que France continue !

À travers sainte Jeanne d’Arc, le Roi des nations honore la France entre toutes. Les marques d’amour de Notre-Seigneur Jésus-Christ pour la France, notre héroïne en est la personnification. Sa sainteté ne se contente pas – comme pour beaucoup de saints – d’accomplir une vie privée dans le surnaturel chrétien. Alors qu’elle se trouve exceptionnellement touchée par la grâce – peu de saints ont bénéficié de telles faveurs – elle y entraîne la patrie tout entière. En effet, mille ans après la naissance de la France au Ve siècle, le temps de Jeanne c’est la guérison, voire la résurrection de la nation. Au XVe siècle, la France est en danger de mort. Les périls nouveaux de la modernité, la poussée de l’étranger auraient pu l’emporter, comme l’a été, à la même époque, l’empire byzantin ou, un siècle plus tard, l’Europe du Nord dans l’hérésie. Mais la Providence veillait sur la France.

C’est d’ailleurs un mystère sur lequel on peut s’interroger sans pouvoir réellement répondre : pourquoi Dieu aime-t-il tant la France, au point d’inventer un huitième sacrement pour son roi très chrétien, au point d’en faire une terre de saints, de miracles et de lieux surnaturels (pensons à l’apparition de la rue du Bac où la Sainte Vierge dit que le globe qu’elle montre à sainte Catherine Labouré représente le monde et la France en particulier.) ?

On peut dire, que cet amour divin pour notre patrie a quelque chose de très mystérieux, d’incroyable même. Et tel est le sens de la sainteté de Jeanne d’Arc : rappeler à un peuple et à ses plus hauts représentants, que le Christ est vrai Roi de France et que, par la France, Il veut régner sur le monde ; que la France est Fille aînée de l’Église et qu’elle a un rôle éducateur de grande sœur à exercer sur les autres nations : c’est la vocation religieuse de cette fille aînée. Mais ce plan a contre lui le "Prince de ce monde". C’est pourquoi la Providence dote politiquement la France de faveurs surnaturelles. Parmi tant de faveurs, Jeanne d’Arc est sûrement la plus grande. En effet Jeanne d’Arc personnifie à la fois cette vocation de la France et l’esprit de Notre-Seigneur comme très peu de saints y sont arrivés. Et pourtant la connaissons-nous ? On ne peut s’empêcher de penser qu’une telle figure héroïque aurait une toute autre place, si elle avait existé chez un autre peuple moins enclin aux complexes de la personnalité.

En six siècles, une ou deux générations à peine de catholiques se sont vraiment placées sous son patronage. Quel chef d’État parmi les successeurs de Charles VII l’a prise comme conseillère céleste ? Et aujourd’hui quels foyers, quelle proportion de citoyens lui confient les causes temporelles de la patrie ?

En cela, Jeanne d’Arc n’a pas épuisé les grâces qu’elle réserve à une France chrétienne qui les lui demandera. Proclamée patronne de la patrie seulement en 1922, sa mission est à venir en vertu de cette promesse faite par Notre-Seigneur à une autre Vierge française, sainte Marguerite-Marie Alacoque : "Ne crains rien ; je régnerai malgré mes ennemis et tous ceux qui voudront s’y opposer." Ce sont presque les paroles de Jeanne d’Arc au début de sa mission, quand elle s’en ouvre à Robert de Baudricourt, le capitaine de Vaucouleurs. Ce sont les premières paroles publiques de Jeanne : "Messire, je viens de la part de mon Seigneur, qui veut que le Dauphin devienne roi, il sera roi malgré ses ennemis, et moi, je le conduirai à son sacre."

III — Jeanne, une sainteté toute française

Mais avant de se pencher sur cette mission de politique sacrée, cherchons à savoir, avec le père Ayroles, qui était Jeanne d’Arc.

Traitons pour commencer de la personnalité de Jeanne d’Arc puis de sa mission. Enfin nous conclurons sur l’actualité de son message, ce que certains auteurs (Monseigneur Delassus, au début du 20e et le colonel Argoud à la fin du même siècle) ont appelé la deuxième mission de Jeanne d’Arc.

D’abord Jeanne d’Arc est le type vivant de la France très chrétienne, le modèle proposé par le Christ à la patrie pour qu’elle soit pleinement la fille aînée de son Église. Recherchons avec le père Ayroles les traits de son caractère, qu’on retrouve dans le meilleur de notre psychologie nationale. Jeanne d’Arc est naïve mais pleine de bon sens. Vive et alerte, mais profondément recueillie. Simple mais noble, chevaleresque (le chevalier est le soldat au service de l’Évangile). Charitable mais guerrière, le combat est dans la vocation de la France, "la France, ce soldat de Dieu" disait Shakespeare. Le tempérament des Français est combatif (l’Église s’en est dernièrement encore aperçue à travers la crise doctrinale et liturgique). Jeanne d’Arc c’est aussi l’oubli de soi et le besoin de se sacrifier. Comme son divin Seigneur, elle est agneau et lion à la fois. Elle est aussi charitable, courtoise mais spirituelle et parfois ironique, ou même saintement insolente. Son esprit l’emporte toujours, qu’il s’agisse de redonner courage au roi de France ou de s’adresser à l’arrogance du roi d’Angleterre et de sa troupe de faux théologiens. La petite paysanne pure et illettrée triomphe des pièges avec une aisance fine et joyeuse. Qu’on relise ses réponses au procès de Rouen.

Terminons ce portrait en soulignant chez Jeanne deux autres traits français : son esprit et sa paysannerie. Son esprit, par ses réponses vives et son bon sens, font d’elle un génie des humanités. Son style est beau, ses formules sont frappantes, parfois mordantes et pleines de rondeurs à la fois, comme chez tous les grands mystiques.

En saluant sa paysannerie, nous ne laisserons pas dans l’oubli son côté touchant de petite paysanne lorraine, qui grandit "au jardin de son père". À la maison, avec sa mère, elle file la quenouille. Dehors elle fait paître le troupeau. Les mérites de cette vie lui en montrent le prix : elle défendra la terre des pères, pour que la patrie reste française. Jeanne d’Arc est donc paysanne, noble paysanne certes, comme la France d’ailleurs.

Pour illustrer ces vertus terriennes françaises, citons Charles Péguy faisant parler Dieu à propos des Français :

Ô mon peuple français, ô mon peuple lorrain.

Peuple pur, peuple saint, peuple jardinier.

Peuple laboureur et cultivateur.

Peuple qui laboure le plus profondément les terres et les âmes.

Peuple qui fait le pain, peuple qui fait le vin...

Français dit Dieu, c’est vous qui avez inventé ces beaux jardins des âmes.

C’est vous qui dessinerez mes jardins du Paradis.

Il a dû y avoir quelque chose, dit Dieu, entre nos Français et cette petite Espérance.

Ils y réussirent si merveilleusement.

(Charles Péguy - La Pléiade - Gallimard p.633 à 637)

IV — Une sainteté vraiment chrétienne

Cette "petite Espérance", c’est d’abord Jeanne d’Arc. Mais Jeanne d’Arc n’est pas seulement un modèle français. C’est aussi l’une des personnifications les plus accomplies de Notre-Seigneur Jésus-Christ. C’est ce que montre le père Ayroles. Comme dans toutes les histoires, partons du début et de la géographie.

Domrémy, comme Nazareth, sont des villages sans importance particulière. Le foyer de Jacques d’Arc reflète celui de saint Joseph : foi patriarcale, pauvreté, travail, pureté, affection mutuelle.

Jeanne y vit le jour lors de la fête de l’Épiphanie 1412, temps liturgique de la Nativité du Seigneur. Elle est placée divinement sous la protection des rois mages. Un témoin raconte : "tous les habitants de Domrémy se sentent inondés de joie, ils sortent de leur maison et se demandent les uns aux autres ce qui est arrivé de nouveau".[2] Là, elle grandit, aimée de tous jusqu’à la vénération, dira le curé de la paroisse. De Jeanne à Domrémy, l’histoire a retenu surtout la bergère, bergère comme beaucoup de saintes françaises de Geneviève à Bernadette. Sur cette figure de bergère, il est possible d’émettre ici une hypothèse.

Si on se reporte à l’Évangile, devant les nombreuses images pastorales employées par le Maître, on peut penser que Notre-Seigneur a lui-même exercé ce métier de berger, avant de conduire l’humanité à Dieu. Quoi qu’il en soit des mystères de la vie cachée du Sauveur, ce qui est sûr c’est qu’à Bethléem, pour la plus grande théophanie de l’histoire, il y a des anges, des bergers et des moutons. Pareil à Domrémy, pendant les années d’enfance, où la bergère est préparée par saint Michel, chef des milices célestes et protecteur de la France. Il lui racontait la pitié qui était au royaume de France et la préparait à y porter remède.

Puis elle quitte son foyer et les siens. Là aussi, les rapprochements avec le Christ sont frappants, c’est ce que montre le père Ayroles. Comme celle de Notre-Seigneur, sa vie publique lui attire les foules où elle remarque les plus humbles et les plus pauvres. "C’est pour eux que je suis née", disait-elle. D’une grâce incomparable, elle suscitera chez quelques grands seigneurs des haines farouches. Enfin elle sera trahie, jugée par une sorte de Sanhédrin, puis livrée aux Anglais.

À grands traits, quelques parallèles entre leurs vies publiques apparaissent. D’abord le rôle toujours positif des femmes : aucune dans l’Évangile ne s’élève contre le Christ et beaucoup l’admirent, le servent ou le plaignent. Dans son histoire, on peut dire la même chose de Jeanne. Certaines donneront même leur vie pour elle, comme cette bretonne arrêtée à Corbeil par l’Université de Paris et qui fut brûlée le 3 septembre 1430 pour ne pas s’être rétractée sur cette affirmation : "Jeanne est bonne, ce qu’elle fait est bien fait selon Dieu".

Le père Ayroles poursuit les parallèles : Cauchon c’est Caïphe, l’université anglaise et antipapale de Paris c’est le Sanhedrin, Bedford, le régent de France pour Henri d’Angleterre, c’est Pilate. Enfin Jean, comte de Luxembourg, premier vassal du duc de Bourgogne, livre Jeanne d’Arc aux Anglais à la manière d’Hérode.

De tous ces personnages, le pire est l’évêque Cauchon. Il doit son siège de Beauvais à ses intrigues politiques pro-anglaises. Sa haine contre Jeanne a un motif personnel : à l’approche de la libératrice française, Beauvais s’était déclarée pour Charles VII et la ville avait chassé son prélat anglo-bourguignon. Pendant cinq mois d’errance (du ler mai à la fin septembre 1430), Cauchon négocie la Pucelle et réclame à la juger. Comme Caïphe et son Sanhedrin face à Jésus, ce prélat et ses docteurs de l’Université de Paris ne supportent pas la pureté divine.

Et le procès de Rouen entretient des similitudes frappantes avec celui de Jérusalem. Les accusés sont tout de suite traités comme les pires criminels et sont l’objet d’une haine farouche de la part des autorités, plus partie que juge. Attardons nous quelques instants au caractère propre des derniers temps de Jeanne d’Arc : les cinq mois passés par la Pucelle en prison la montrent cruellement attachée par le cou à une chaîne qui entoure le corps et se termine à une poutre qui barre la pièce. Les pieds sont liés et, privée de tout, on ne la décroche que pour deux cruels interrogatoires épuisants et perfides dont elle triomphe toujours surnaturellement. Personne pour l’assister, encore moins la défendre, et les deux fils de saint Dominique qui s’y sont risqués ont été menacés de mort. (ibid p. 134) : Martin Ladvenu et Isembert de la Pierre.

Pour le père Ayroles, ce procès en fait n’en est pas un : c’est une assemblée de malfaiteurs, un brigandage, un simulacre de jugement, accomplis sur ordre du roi d’Angleterre, seule autorité souveraine dont se sert Cauchon pour se légitimer. Sous cet angle et malgré l’étiquette ecclésiastique, ce procès n’engage pas l’Église. D’ailleurs Jeanne a déjà été jugée à Poitiers par de nombreux évêques romains et français. Tous ont reconnu sa mission. C’est pourquoi, mettre l’Église, comme le fait Cauchon dans le procès, c’est commettre un sacrilège.

À la délicate question de savoir comment on doit considérer dans l’Église l’autorité indigne, le père Ayroles répond : "Cauchon appartient à l’Église, comme le loup revêtu de la peau du berger appartient au bercail qu’il dévaste. Le Maître n’a-t-il pas dit : celui qui entre dans la bergerie autrement que par la porte est un voleur et un brigand. Cette porte c’est la foi, la gloire de Dieu et le salut des âmes." À lire les comptes rendus des séances du procès de Jeanne d’Arc, on est frappé par les ressemblances qu’on y trouve avec celui de Notre-Seigneur, dans les accusations, dans les vices de forme, dans la mort des suppliciés pleins de miséricorde et de pardon pour leurs adversaires. Au Calvaire, le soldat qui avait ouvert le cœur du Sauveur avait proclamé Sa divinité. À Rouen, après la consumation du bûcher, comme de la braise sous la cendre, on retrouve le cœur de Jeanne intact, et le bourreau court au monastère voisin des dominicains, pour se faire pardonner d’avoir exécuté une telle sentence. Par la suite, on persécute les voix qui s’élèvent contre la condamnation et le conseil de la cour franco-anglaise envoie, dans toute la catholicité, une fausse histoire de la Pucelle.

Laissons au père Ayroles le soin de conclure sur cette comparaison de notre héroïne avec le Sauveur : "Le peuple juif porta la peine du déicide ; le peuple anglais la peine d’avoir brûlé l’une des plus belles personnifications de Jésus-Christ. Les cendres de l’envoyée du ciel portées par les vents et les flots vers les côtes britanniques y semèrent la malédiction" (Perte des provinces de France, occupées pour certaines depuis trois siècles, sur l’île la guerre des Deux-Roses fit du XVe siècle un carnage), "l’Angleterre est encore dans le schisme et l’hérésie, comme la nation juive dans l’infidélité." (op. cit., p. 149 - 150). Mais revenons à la France, et plus précisément à la mission de Jeanne d’Arc sur la France. Pour traiter de cette mission, voyons ce que Jeanne a fait en France pour le Christ ou, si vous préférez, ce qu’elle fit, et ce qu’elle peut encore faire, au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ, pour la France.

V — Une mission providentielle

À grands traits, suivons la mission temporelle de Jeanne d’Arc. Commençons en laissant parler notre héroïne.

"J’étais dans ma treizième année quand j’eus une Voix venant de Dieu pour me gouverner. La première fois j’eus grande peur, et la Voix vint à moi sur l’heure de midi, en été, dans le jardin de mon père... C’était la Voix d’un ange, saint Michel... accompagné des anges du ciel... Saint Michel dit que sainte Catherine et sainte Marguerite viendraient aussi et que j’agisse sur leur conseil. La Voix (de saint Michel) me disait qu’il fallait que j’aille en France, ... que je ferai lever le siège d’Orléans... et sacrer le roi à Reims"

Mais le surnaturel allait même plus loin puisque, pendant que Jeanne fut divinement préparée par saint Michel, patron de la France (on ne peut s’empêcher de penser aux pastoureaux de Fatima préparés par "l’Ange du Portugal"), son père, Jacques d’Arc, durant deux ans, eut des songes dans lesquels sa "Jeannette" partait avec les gens d’armes.

C’est pourquoi ses parents la tenaient de près, de crainte qu’elle leur échappe. Et elle d’en conclure à son procès : "Moi je leur obéissais en toutes choses". Ailleurs, elle écrit aussi : "En toutes choses, je leur ai bien obéi, excepté en mon premier départ... Mais depuis je leur ai écrit et ils m’ont pardonnée. Puisque Dieu le commandait, il fallait le faire". Le père Ayroles nous fait remarquer, dans ces quelques épisodes de la vie familiale, tous les parallèles avec la Sainte Famille à Nazareth, les songes de saint Joseph, les craintes des époux, la soumission du Fils et son recouvrement au Temple.

Mais cette vie privée touche vite à son terme puisqu’à 17 ans sa vie publique commence, le 12 février 1429, devant le capitaine royal Robert de Baudricourt, dans la forteresse voisine de Vaucouleurs. Comme d’autres l’auraient été, le chef militaire est incrédule. Jeanne d’Arc emporte sa résistance et part avec six hommes d’armes, qu’elle réconforte ainsi : "N’ayez peur, mes frères du Paradis et mon Seigneur Dieu m’ont dit déjà, depuis quatre ou cinq ans, qu’il me fallait guerroyer pour reconquérir le royaume de France. J’agis par commandement. Vous verrez à Chinon comme le Dauphin nous fera bon visage."

Et l’aventure commence, pourrait-on dire. Ce long voyage (150 lieues dit Jeanne, soit 600 de nos kilomètres), à travers une France occupée et livrée à toutes sortes de dangers, se passa au mieux, comme notre prophétesse l’avait prévu. Et le 9 ou le 10 mars 1429, elle rencontre Charles VII :

"Gentil Dauphin, j’ai pour nom Jeanne la Pucelle, et vous mande[3] le Roi des cieux que vous serez sacré et couronné dans la ville de Reims et serez lieutenant du roi des cieux qui est roi de France". Elle lui dit aussi : "Très illustre seigneur, je suis venue et je suis envoyée de par Dieu pour donner secours au royaume et à vous. Et vous mande[4] le Roi des cieux par moi que vous serez son lieutenant à Lui, qui est roi de France."

Et Jeanne d’insister :

"Gentil Dauphin, pourquoi ne me croyez-vous pas ? Je vous dis que Dieu a pitié de vous, de votre royaume et de votre peuple, car saint Louis et saint Charlemagne sont à genoux devant lui, faisant prière pour vous."

Jeanne a parlé.

Charles VII prudent et indécis, se laisse convaincre de sa mission divine, mais après examen et enquête. Les messieurs (clercs, universitaires et conseillers) mènent "les interrogatoires de Poitiers" (dont on a malheureusement perdu les procès-verbaux). Les dames de la cour procèdent à l’examen physiologique de la Pucelle, qualité sur laquelle elle se présente et qui est le signe de la consécration à Dieu. Tous concluent à sa grande valeur et voient en elle la dernière chance de la royauté française. Mais Jeanne s’impatiente d’agir. Elle fait plus que soupirer, elle avertit quand elle dit "Il est temps, il est urgent de besogner, le moment d’agir est venu".

On réclame de Jeanne un signe. Elle veut bien, mais veut surtout que le signe soit utile à sa mission. Elle demande à être conduite à Orléans pour en lever le siège et sur le conseil de la commission, Charles VII forme la maison militaire de Jeanne. Son premier acte militaire montre une guerrière toute pacifique. Elle commence par écrire une très belle lettre aux autorités anglaises pour les prévenir de la volonté divine de voir les Anglais chez eux et de rendre la France à Charles. Arrivée le 29 avril à Orléans, assiégée depuis plus de six mois, elle renouvelle sa sommation aux Anglais pour éviter les combats, car Jeanne voudrait une guerre sans morts. Mais elle s’entend répondre : "Vachère, ribaude, tu seras passée par les armes".

Armée de la prière, des sacrements et de son célèbre étendard, elle fait lever une porte de la ville et, en quelques jours de prodiges militaires, le miracle s’accomplit : Orléans est délivrée le dimanche 8 mai 1429.

Sur cette victoire, Jeanne dit à Charles VII : "Gentil Dauphin, mettez-moi en besogne car je ne durerai guère, une année, pas beaucoup plus."

VI — Reims d’abord, les batailles ensuite

C’est alors que les villes tombent et les chefs anglais sont faits prisonniers. Mais Jeanne veut d’abord doter la France d’un roi, à Reims. C’est l’application du "Dieu premier servi" et le plan de sa mission. C’est aussi une anticipation du « politique d’abord », de Maurras[5], car à la France, il faut un roi ! Ce retour à la monarchie très chrétienne semblait impossible : la ville, très bien défendue, venait de renouveler son serment à l’Angleterre. Jeanne vient à bout des réticences de Charles et, le 16 juillet au matin, on lui apporte les clés de Reims où il rentre le soir.

Et le sacrement du miracle français n’attend pas. Le lendemain, dimanche 17, Charles VII est sacré, renouvelant l’alliance contractée entre le Christ et la France. La rapidité – pour ne pas dire la précipitation – n’enlève rien à la majesté de la cérémonie et la surprise de l’événement met l’enthousiasme des assistants à son comble. Quand le roi fut sacré et couronné, l’éclat des trompettes ne parvenait pas à couvrir la clameur générale du célèbre cri "Noël, Noël... vive le Christ qui aime la France" car depuis le baptême de Clovis, Noël, c’est la double naissance du Christ et de la France.

Sur ce sacre, retenons comme image souvenir, ce tableau célèbre du peintre montalbanais Ingres : Jeanne tenant son étendard, debout aux côtés du roi.

À la fin, agenouillée devant le lieutenant du Christ, elle lui baise les pieds à chaudes larmes. Elle s’adresse à lui, mais ne l’appelle plus Dauphin. Elle lui dit : "Gentil roi, à cette heure est exécuté le plaisir de Dieu qui voulait que vous veniez à Reims recevoir votre sacre, en montrant que vous êtes vrai roi et celui auquel le royaume doit appartenir".

La cérémonie achevée, il faut quitter Reims. Sur la route du retour, Jeanne exprime son désir de retrouver les siens à Domrémy pour y mener leur vie, ou être enfouie dans cette loyale terre française. Mais aucun des vœux de cette nostalgie légitime ne se réalisera.

Il y a d’autres victoires moins célèbres que celle de Reims, mais tout aussi éclatantes. Les prodiges accomplis montrent une foi qui soulève les montagnes, une mission que rien n’arrête. Jeanne d’Arc s’y impose comme un stratège militaire de génie, à étonner les siens et à confondre ses adversaires. Tous les chroniqueurs et les historiens sont étonnés par cela.

Au XXe siècle, on s’est battu et on a étudié l’art de la guerre comme à aucune autre époque de notre histoire. Des généraux et des officiers supérieurs ont écrit sur elle. Tous restent subjugués devant les récits historiques des batailles. Les militaires français ou étrangers qui ont étudié son histoire sont unanimes à reconnaître les talents de Jeanne dans l’art de combattre, son goût pour la tactique, son habileté à utiliser l’artillerie. Habile dans la préparation, rien ne résiste à son audace dans l’exécution. Elle sait que les Français sont excellents dans l’offensive, que la "furia" des Français met leurs adversaires en fuite. Si l’on survole son épopée, on peut dire que les 5 jours occupés à délivrer Orléans, les 8 jours employés pour dégager la vallée de la Loire, les 15 jours en Champagne avec le siège de Troyes, sont des modèles du genre. La glorieuse campagne de 1429, avec ses deux mois pour relever la France abattue, n’a pas son équivalent dans notre histoire. La France a eu des millions de héros, d’habiles généraux et de glorieux maréchaux : elle n’a eu qu’une Jeanne d’Arc !

VII — Du sacre au sacrifice

On vient de le voir, (trop rapidement malheureusement), les victoires militaires et surtout le sacre de Charles VII frappent à mort la domination anglaise en France, même si les effets des campagnes de Jeanne ne se réaliseront qu’après sa mort. On pourrait même s’étonner, à vue humaine, que le succès de Reims ne soit pas suivi des victoires dont il était prometteur.

Mais ce serait oublier que le sacre du roi ne prend tout son sens que dans la réalité chrétienne sacrificielle, et ce sacrifice ce sera celui de Jeanne. Comme son Seigneur, le grand combat l’attend : celui du don total de soi, tant il est vrai qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Si Charles VII est sacré, Jeanne va être sacrifiée pour placer la croix dans la royauté française et en faire vraiment la monarchie très chrétienne. "Je durerai un an, guère plus" avait déclaré Jeanne en arrivant à Chinon, ajoutant qu’il fallait penser, "pendant cette année à bien œuvrer".

Malgré cet avertissement, une fois sacré, Charles VII semble n’avoir plus qu’un souci : empêcher Jeanne d’agir.

Elle voudrait prendre maintenant Paris, profiter tant de l’enthousiasme général que de la surprise des Anglo­bourguignons.

Mais le roi, de tempérament indécis quand il n’est pas versatile, se montre surtout craintif et las de voir les guerres ravager la France. Sa cour est divisée entre deux camps. Les guerriers : Jeanne bien sûr, qu’on sépare du Duc d’Alençon dont l’ardeur combative s’accorde bien avec la sienne. Et le conseil, qui l’emporte auprès du roi. Il est composé de diplomates et de politiques, dont certains envieux de Jeanne comme l’archevêque de Reims, Regnault de Chartres. Ainsi, un mois après le sacre, le 16 août 1429, leur délégation ira même, dans le secret et à l’insu de Jeanne, négocier une trêve avec le Duc de Bourgogne et le parti anglais. Charles VII reconnaîtra publiquement son erreur, mais trop tard bien sûr, même si Jeanne n’avait pas attendu que le roi s’avouât berné pour reprendre la lutte. Partout dans les grandes villes, des partisans de la monarchie française l’attendaient. Cependant, la réponse du roi de France ne venait pas. Pendant ce temps les Anglais s’organisaient.

Jeanne n’a pour elle qu’une petite escorte de quelques centaines d’hommes, routiers qui se louaient au hasard des campagnes. Elle est entourée de son intendant Jean d’Aulon et de son frère Pierre. À Pâques 1430, elle arrive à Melun. Au fossé de la ville, les voies habituelles des saintes Catherine et Marguerite l’avertissent qu’elle serait faite prisonnière avant la saint Jean, et lui demandent de tout accepter, en lui promettant l’aide de Dieu. Jeanne ne prend plus d’initiative, se range en tout à l’avis des capitaines, sans faire état de cette révélation.

Alors qu’en mai le parti bourguignon progresse au nord, avec sa petite troupe, elle rejoint Compiègne pour aider les habitants qui veulent tous mourir pour le roi de France. Le lendemain de son arrivée surprise à Compiègne, le 23 mai, elle est en tête d’une offensive française, mais ses troupes prennent peur, ne croient pas à sa promesse de victoire, retrouvent la ville et quand elle veut y retourner avec sa dernière escorte, c’est trop tard, les bourguignons arrivent les premiers au pont-levis. On doit fermer les portes, Jeanne est dehors avec quelques hommes.

Sa capture remplit de joie le camp adverse. Elle est gardée jusqu’au 21 novembre 1430 par le comte de Luxembourg qui la vendra aux Anglais, contre l’avis de sa femme et de sa tante, lesquelles ont témoigné quelques bontés pour Jeanne.

Dès lors, le procès d’hérésie, attendu par Pierre Cauchon et quelques clercs peut se tenir. L’Université de Paris la réclame, mais la place n’est pas assez sûre. Le camp anglais préfère Rouen, où il règne en maître. Elle y arrive le 23 décembre 1430, après un mois de voyage.

"Je sais bien, a-t-elle dit au temps de sa victorieuse liberté, que les anglais me feront mourir, croyant après ma mort gagner le royaume de France, mais quand ils seraient 100 000 de plus qu’ils ne sont à présent, ils n’auront pas le royaume. Écoutez bien : avant sept ans, ils laisseront un plus grand gage que devant Orléans (la ville de Paris, où Charles VII entra triomphalement, sept ans après le sacre) et finiront par perdre toute la France. Je dis cela afin que, quand ce sera advenu, on ait mémoire que je l’ai dit". Petit à petit, la France reprit possession d’elle-même, purgeant la malédiction que Philippe le Bel, en sa politique anti­papale et anti-romaine, lui avait value.

La comparaison faite entre le procès de Notre-Seigneur et celui de Jeanne se vérifie à son dénouement. Là encore, la ressemblance du disciple avec le maître est frappante. À l’annonce du supplice, la veille de sa mort, Jeanne gémit d’angoisse et sera réconfortée par les saints, comme Jésus au Jardin des Oliviers par l’ange.

Le 31 mai 1431 au matin, on la coiffe d’une, inscription infamante comme pour le Christ en croix.

La bergère se fait agneau et entre, toute en dignité, dans l’épreuve. Enfin, elle prend la parole pour pardonner à tous, pour confier son âme à l’assistance, qui ne retient plus ses larmes, pour demander qu’on lui présente la croix pendant qu’elle se recommande à la Sainte Vierge et aux saints. Et quand les flammes s’élèvent, par six ou sept fois on l’entend crier : "Jésus !". Après le crime, le secrétaire du roi d’Angleterre s’écrie : "Nous sommes perdus, nous avons brûlé une sainte."

VIII — La deuxième missions[6], fruit de la prière et de l’espérance

Cette ressemblance du disciple avec le Maître, cette glorification terrible que Dieu réserve aux élus de grande mission, nous laissent croire que Jeanne n’a pas fini la sienne. Pour signe, la suite du récit : le soir du 31 mai, toujours sur la place du Vieux-Marché de Rouen, un fait rapporté par les témoins officiels : un tas de cendres contient une précieuse relique. C’est le cœur de la sainte que le feu n’a pas consumé. Avec une ardeur digne des sacrilèges sans-culottes, les soldats anglais encore endurcis rajoutent flammes, huile, soufre. Rien n’y fait. Le cœur est finalement jeté avec les cendres à la Seine. Pauvre Jeanne qui voulait reposer dans la terre de France et qui préférait être décapitée sept fois plutôt que d’être brûlée !

Mais ce miracle de la fin, qui est le premier des miracles posthumes, est le signe de la fidélité de l’Amour divin pour la France et des faveurs que lui réserve le Sacré-Cœur de Jésus, tabernacle de la patrie. Il est aussi le signe de notre espérance. Car le cœur de Jeanne, symbole de l’affection, reste intact pour la France, son grand amour, après sa mort.

Le cœur est aussi l’organe de la vie. La conservation de celui de sainte Jeanne d’Arc signifie que ce cœur bat toujours pour la France. Aujourd’hui, ce qui reste d’esprit chrétien en France ressemble à cette relique. Sous les cendres de notre passé et des sacrifices de tant de Français, comme une braise enfouie, ce christianisme authentique est sous le boisseau. Mais demain, il faut s’y attendre, s’y préparer, il ravivera une patrie qui pour l’instant le cache et le porte à la fois. Car la France entretient des liens privilégiés avec la foi chrétienne plus que toute autre nation. Sa constitution politique est sortie de la religion, et faire de la France un État laïc c’est la défaire en tant que patrie. Dans ses "Considérations sur la France"[7], Joseph de Maistre écrit ceci : "Il y a dans lé gouvernement national et dans les idées du peuple français, je ne sais quel élément théocratique et religieux qui se retrouve toujours, le français a besoin de la religion plus que tout autre homme S’il en manque, il n’est pas seulement affaibli, il est mutilé".

Si le cœur de Jeanne à une valeur symbolique pour la situation française actuelle, son temps entretient des similitudes avec le nôtre : les dangers qui menacent la Chrétienté au XVe siècle préfigurent nos plus grands maux actuels. J’en prendrai deux à témoin.

Au XVe siècle, l’Islam campe aux portes de l’Europe et ne va pas tarder à s’emparer de Constantinople. Dans sa lettre au Duc de Bourgogne, Jeanne l’appelle à la paix française et lui désigne le Sarrazin comme véritable adversaire.

Et au XVe siècle toujours, la première figure hérétique qui annonce la déchirure de la chrétienté du XVIe, puis l’apostasie moderne, se dresse insolente en Bohème : c’est Jean Huss. Jeanne lui écrit pour le menacer de son épée et lui exprimer son regret d’être retenue en France par les Anglais. Elle lui reproche de s’en prendre à la religion traditionnelle et à l’autorité de l’Église catholique.

Comme le XVe siècle finissait le Moyen Âge et ouvrait l’époque moderne, notre troisième millénaire est déjà entré dans ce que les spécialistes appellent la post-modernité.

Et comme au XVe siècle, notre époque ne semble pas avoir d’autre secours que l’aide de Dieu. Car si la Providence intervient pour l’Église, la France et le monde, ce sera, comme nous l’a montré Jeanne d’Arc, avec des instruments humains apparemment dérisoires. Ainsi Dieu agit dans l’histoire. Des peuples sans importance : les juifs de l’Antiquité, la France de l’ère chrétienne. Les forces du Mal, quant à elles, s’appuient toujours sur des puissances naturelles sans lesquelles elles restent impuissantes : Babylone et le monde arabe depuis le temps de la Bible, l’empire Soviétique hier, l’Amérique ou, la Chine aujourd’hui.

Pour trouver, dans l’histoire de Jeanne d’Arc, un motif d’espérance en faveur de la situation actuelle de la France, rappelons le fait suivant. En commençant sa mission, Jeanne avait adressé une lettre aux Anglais où elle les appelait à la raison pour éviter les combats. Elle les invitait même "à venir en sa compagnie, disait-elle, là où les Français feront le plus beau fait d’armes qui jamais fut fait pour la Chrétienté."

Elle avait annoncé que si sa mort devait se produire avant que sa mission divine ne fut remplie "tout ce pourquoi elle était venue s’accomplirait."

Jeanne avait donc le sentiment que Dieu placerait dans la fécondité de son sacrifice une grande mission qui revient à la France. "Jeanne, dit le père Ayroles, n’a pas accompli toute sa mission durant sa vie terrestre. On cherche inutilement la réalisation de la prédiction formulée dans la dernière phrase de sa lettre aux anglais."

Car dans notre histoire, les "beaux faits d’armes faits pour la Chrétienté", sont tous antérieurs à sainte Jeanne d’Arc. Depuis le XVe siècle, rien ne s’est accompli en faveur de la Chrétienté d’aussi beau que les victoires de Vouillé, où Clovis brise l’arianisme, de Poitiers où Charles Martel écrase les hordes musulmanes, victoires de Pépin et Charlemagne en faveur du Pape et de la Chrétienté délivrée des Maures et des Saxons. Depuis Jeanne, les Croisades de saint Bernard, de Godefroy et de saint Louis n’ont pas leur équivalent dans notre histoire. Rien qui ressemble à Bouvines ou à Muret.

Donc, la première raison que nous avons pour espérer une renaissance catholique et française, c’est que la prophétie de Jeanne – et Dieu sait si le don de prophétie fut donné à la Pucelle – ne s’est pas encore réalisée. C’est le sentiment de Mgr Delassus dans son livre précité.

Deuxième raison, c’est que notre époque, celle des quatre ou cinq générations qui sont encore historiquement liées, a voué à Jeanne un culte sans précédent. Dans notre siècle, celui qui commence en 1914 et qui n’a pas tout à fait fini son temps historique, les statues de la vierge guerrière ont été placées dans toutes les églises de France, comme dans tous les foyers catholiques. La Providence se réserve sûrement là une abondance de grâces futures.

Dans les épreuves contemporaines, sainte Jeanne d’Arc nous invite à l’espérance et ceci entre autres, pour trois raisons :

– Jeanne d’Arc vient après la guerre de 100 ans, certaines de nos régions ont même eu trois siècles d’occupation anglaise ! Cela doit nous encourager à la patience dans cette crise générale, sociale et religieuse qui semble partie pour ne pas finir. Peut-être n’est-on pas tombé assez bas : le naufrage s’est produit, le naufragé coule, mais son talon n’est pas encore arrivé au fond, point d’appui d’où il pourra remonter.

– Deuxième raison : Jeanne d’Arc a été canonisée il y a seulement 80 ans et l’on peut attendre de toute canonisation une nouvelle mission donnée au saint.

– Autre raison d’espérer dans la fécondité temporelle du martyre de Jeanne : au XXe siècle, la France est sacrifiée comme jamais dans son histoire : pertes humaines de la grande guerre, pertes coloniales ensuite, pertes de sa civilisation, de sa culture, de sa souveraineté, de sa population. Les Français, comme la patrie, se sont sacrifiés ou l’ont été. À vue humaine, ces sacrifices sont des pertes dont on ne se remet pas. Mais le christianisme repose tout entier sur le dogme de l’expiation, la résurrection passant par la croix. Les épisodes douloureux et mortifères de l’histoire de France au XXe siècle sont trop importants, ont été souvent consentis avec une réelle intention chrétienne, pour ne pas avoir une portée providentielle et salvatrice.

Il y a là un motif réel d’espérance et, chrétiennement parlant, on peut attendre une intervention providentielle en faveur de la France, par les mérites de sainte Jeanne d’Arc. Car notre situation temporelle ressemble trop à son XVe siècle. Et quand il n’y a pas d’autre espoir que la confiance en Dieu, Dieu agit quand on ne l’attend pas et comme on ne s’y attend pas. L’espérance n’est-elle pas le désespoir surmonté, selon le mot de Bernanos ? Hier, d’une fillette illettrée, Il fait un général d’armée pour sacrer un roi timoré et mettre en fuite ses adversaires. S’il ne nous appartient pas de connaître ce temps de redressement catholique et français, nous pourrons en hâter l’avènement.

Comment s’y prendre à l’exemple de sainte Jeanne d’Arc ? Dégageons maintenant quelques leçons de cette histoire.

IX — Morale de cette sainte histoire, catholique et française

D’abord sainte Jeanne d’Arc nous invite à renouer avec le surnaturel chrétien. Car sa mission historique est de faire sacrer le dauphin, qu’elle n’appelle le roi ou sire qu’après le sacre d’ailleurs. Après la victoire d’Orléans, signe public de son investiture divine, elle entraîne Charles VII à Reims avant tout autre combat. Car à l’époque déjà, le sacre commençait à perdre de son importance. Au XVe siècle en France, la monarchie s’éloignait de cette alliance fondamentale du trône et de l’autel, ceci sous l’influence de l’Université de Paris, d’esprit déjà laïque, anti-romain et naturaliste. Et tout cela bien sûr affaiblissait la France, la réduisant à la domination étrangère.

La mission de Jeanne d’Arc, c’est surtout de restaurer la royauté sacrale et de rappeler les desseins divins sur la France. Son message rappelle donc l’importance du surnaturel chrétien car, atteints par le doute et la crainte, les catholiques n’utilisent pas assez les armes surnaturelles qui leur sont données. Jeanne nous invite à compter sur les armes surnaturelles, dont l’efficacité augmente quand les moyens humains sont mis en difficulté, ce qui ne dispense en rien de les engager.

Ce sens du surnaturel, que nous donne l’exemple de sainte Jeanne d’Arc, porte sur un point essentiel de notre Credo, actuellement bien souvent délaissé. C’est la communion des saints. Notre héroïne s’adressait ainsi à ses prétendus juges "Je suis venue de par Dieu, de par la Vierge Marie, tous les benoîts saints et saintes du Paradis et (de par) l’Église victorieuse de là-haut et de leur commandement".

Les vierges martyres Catherine et Marguerite ont été ses éducatrices et ses conseillères pendant sept ans, de Domrémy à Rouen. Saint Michel l’a toujours assistée et parfois aux combats avec des milliers d’anges. Or ce prince céleste, qui a repoussé pour toujours Satan, est protecteur spécial de la France. On peut penser qu’il lui appartient de la délivrer tout spécialement de la Franc-Maçonnerie, contre-Église de Satan, religion officieuse de la République anti-chrétienne, produite par ces philosophes qu’on appelle les "Lumières", oubliant que ce mot signifie aussi Lucifer.

Recourons donc à l’Église triomphante, comme Jeanne qui vit au milieu des anges et des saints. Elle voit Charlemagne et saint Louis intercéder devant le trône de Dieu pour la France, et sur terre, de nombreux saints viennent partager son humanité.

Le deuxième enseignement de la mission de sainte Jeanne d’Arc, c’est la nécessité d’agir humainement, de ne pas craindre de guerroyer en comptant sur l’aide de Dieu, sans se dispenser d’agir pour elle. Car il n’y a chez Jeanne aucun angélisme, aucun spiritualisme déphasé de la réalité. Dieu dirige le monde en laissant agir notre liberté. Ce point de réalisme est contenu dans une célèbre réponse de Jeanne à son procès. On lui présente à peu près ce sophisme : si Dieu veut rendre la France au roi Charles, pourquoi faudrait-il alors utiliser l’épée ? Sa réponse est restée célèbre : "Les hommes d’armes batailleront et Dieu donnera la victoire !" En effet, serait-il convenable de demander une victoire que nous ne méritons pas ?

Agir c’est d’abord, et avant tout, pour chacun d’entre-nous, l’accomplissement du devoir d’état, bien faire ce en quoi la Providence nous a établi, à notre place, dans nos communautés naturelles. C’est l’application au travail, l’affection bienveillante et les obligations morales envers les proches.

La France réelle, dans l’histoire, ce sont d’abord des familles, des métiers, des écoles, des amitiés, des dévouements religieux ou politiques. C’est encore un art de vivre, des vertus simples, une culture et tout un esprit. S’y employer, c’est œuvrer pour la France.

La dernière leçon de l’enseignement de Jeanne porte sur le but commun de la prière et de l’action. C’est la proclamation de la royauté sociale de Notre-Seigneur Jésus-Christ et notre engagement derrière la bannière du Christ-Roi. Combien d’élans ou de mouvements chrétiens dans l’ordre politique ou social ont manqué leur but, dans notre histoire récente, pour ne pas avoir opposé aux principes de la Révolution, les principes mêmes du christianisme ? On s’est laissé intimider, on s’est cru plus efficace en taisant le nom même de Jésus-Christ, oubliant la phrase de l’Évangile "Sans Moi, vous ne pouvez rien faire". Jeanne d’Arc était victorieuse par son étendard au Christ-Roi. Elle nous invite à s’engager derrière Lui.

Et en matière de royauté, on peut dire que Jeanne peut parler. Non seulement elle a fait sacrer le seul roi qui n’avait aucune chance de l’être, mais elle a été elle-même, pendant quelques instants, Reine de France. C’est sur ce sommet temporel de son histoire que nous quitterons notre héroïne.[8] La scène se passe entre Charles VII et Jeanne, après la victoire d’Orléans et avant le sacre de Reims Elle a pour témoin le Duc d’Alençon, qui témoignera de l’authenticité du fait, au procès de réhabilitation. Il y a, à la bibliothèque vaticane un document du XVe siècle, le "Breviarium historiale" qui relate joliment l’événement.

C’est Jeanne qui parle : "Gentil roi, il me plairait avant de descendre dans le cercueil, d’avoir votre palais et votre royaume. Oh ! Jeanne, répond Charles VII, mon palais et mon royaume sont à toi. Notaire, écrivez, dit la Pucelle inspirée : le 21 juin à quatre heures du soir, l’an de Jésus-Christ 1429, le roi Charles VII donne son royaume à Jeanne. Écrivez encore : Jeanne donne, à son tour, la France à Jésus-Christ Notre-Seigneur, dit-elle d’une voix forte, à présent c’est Jésus-Christ qui parle : "Moi, Seigneur Éternel, Je donne la France au roi Charles."

Cette déclaration a une portée juridique et politique importante, si on se replace dans le droit féodal. Le vassal dépendait d’un suzerain. Pour commander en fait un fief, il se recommandait à la juridiction de son souverain, au cours d’une cérémonie, la "commendatio". On voyait le vassal donner au suzerain son domaine et lui jurer fidélité. En retour le souverain rendait au vassal cette terre, sous le symbole d’un peu d’herbe ou de paille et l’investissait chef du fief. Au vassal d’administrer, au suzerain de le protéger.

Transposons : par sa royauté universelle, souveraine, le Christ est le vrai roi de France. Il confie son royaume à Charles VII, le roi lieutenant du Christ, qui tient lieu (sens du mot lieutenant) de roi pour le Christ-Roi. D’ailleurs Jeanne nous le dit : "la France est à Dieu même." Elle lui a été donnée par saint Rémi et 1000 ans plus tard, par sainte Jeanne d’Arc. Sous l’inspiration divine, elle renouvelle le pacte de Reims, comme le bienheureux Charlemagne et saint Louis l’avaient perpétué. Plus que les rois, ce sont les saints qui ont fait la France, qui ont formé son être moral.

Jeanne d’Arc ne s’y trompe pas, elle qui appelle la France "le saint royaume". On a dit qu’en France le culte des saints est le fondement de la patrie. "La France, écrit Henri Pourrat, aurait pu faire l’économie de beaucoup de héros, de généraux et de savants, elle n’aurait pas pu faire l’économie de ses saints". Les saints ont fait la France et l’ont offerte à Dieu. Dieu ne peut donc qu’en prendre soin. Il prolonge miraculeusement son histoire comme au XVe siècle, si nous le Lui demandons et collaborons à son œuvre de restauration chrétienne.

X — Pour que France ressuscite !

À la question de savoir si la France va disparaître, la sainte de la patrie répond non et sa réponse vaut pour notre temps. En effet, à son procès de Rouen, (séance du 10 mars 1431) elle a prédit que "la France durerait plus de 1000 ans".

Si l’on en croit Jeanne, la France a donc de beaux siècles devant elle et cela s’explique. Car la France ne disparaîtra pas sans avoir rempli sa mission, accompli sa vocation. D’ailleurs, si elle avait dû disparaître aux alentours des XXe ou XXIe siècles, Jeanne d’Arc n’aurait pas existé. On peut même penser que la durée de notre histoire présage un redressement français. Cette espérance a pour elle une prophétie peu connue de saint Pie X. Sortant de son oratoire, après de longues heures de prière, avant le consistoire du 29 novembre 1911 où il était question de la France, le pape fit cette confidence à l’un de ses proches (Mgr Bisletti) :"Oh ! Que la Sainte Vierge est bonne ! Elle vient de me consoler grandement en me donnant l’assurance que la France serait sauvée !"

Car voyez-vous, quand le Bon Dieu a une idée sur une personne ou une patrie, cette vocation s’impose avec beaucoup de constance et s’accomplit avec beaucoup d’imagination. Dans notre histoire, les gestes de Dieu ont réservé toutes sortes de surprises aux Français, comme à leurs adversaires. La Providence a de l’imagination pour nous conduire, faisons Lui confiance, dans l’abandon, qui ne vaut vraiment que s’il est fait dans la nuit de l’ignorance. À l’appel de l’Ile-Bouchard où la Sainte Vierge demandait en 1947 à des fillettes allant à l’école de beaucoup prier pour la France, demandons au ciel le relèvement de la patrie. Et à l’exemple de sainte Jeanne d’Arc, agissons par tous les moyens temporels pour cette noble cause.

Alors la même histoire, toujours renouvelée, se répétera. L’histoire où le bien, le vrai et la vie l’emportent sur leurs contraires. Comme dans l’Évangile, le Maître guérira la jeune fille malade. Il réveillera le fils endormi ou ressuscitera l’ami des premiers jours qui était mort. Et la France se relèvera à l’appel de cette voix entendue par saint Pie X : "Va, Fille Aînée de l’Église, nation prédestinée, vase d’élection, va porter, comme par le passé, Mon nom devant tous les peuples et tous les rois de la terre".

Antoine Quercy



[1] Récemment réédité aux Éditions Saint Rémi, BP 80 - 33410 Cadillac.

[2] Boulainvilliers, sénéchal du Berry, chambellan du roi de Bourges, rédigea plusieurs enquêtes faites à Domrémy. (Procès T.V. p. 186).

[3] Mander : faire savoir par un message. (Sens 1 du dictionnaire).

[4] Mander : donner l’ordre de venir. (Sens 2 du dictionnaire).

[5] NDESR : l’auteur de l’article se méprend sur ce point, nous l’invitons à lire ce que le père Ayroles pensait lui-même de Charles Maurras, dans sa lettre que nous avons publié dans la plaquette : JEANNE D'ARC ET L'ACTION FRANÇAISE - ENQUÊTE

[6] Cette partie renvoie au livre de Mgr Delassus : La Mission Posthume de la bienheureuse Jeanne d’Arc, réédité aussi aux éditions Saint Rémi.

[7] NDESR : disponible aux éditions Saint-Remi

[8] NDESR : nous devons à Louis-Hubert et Marie Christine Remy cette redécouverte historique, la triple donation du royaume entre Jeanne, NSJC et Charles VII. Ils ont écrit une plaquette sur ce sujet : Jésus-Christ, Roi de France, disponible aux ESR (le livre est en ligne sur le site ACRF). D’ailleurs Frank Abed a consacré une petite vidéo de présentation de ce livre : la voir

L’ESPRIT FAMILIAL DANS LA FAMILLE,
DANS LA CITÉ ET DANS L’ÉTAT – Mgr H. Delassus – Éditions Saint Remi – 213 pages – 16 €

1- Les lois naturelles du genre humain.

Dieu a voulu que nous soyons constitués dans la dépendance de nos parents et dans la hiérarchie qui devait naître de cette dépendance.

Aujourd’hui, les individus seuls sont comptés, l’État ne connaît que des citoyens dispersés, cela est contraire à l’ordre naturel selon lequel l’État a pour éléments constitutifs les familles et non les individus. Aux yeux du capitalisme, l’homme s’efface. Il n’est plus qu’un moyen vers le but poursuivi, la fortune, pour pouvoir se livrer au bien-être, au luxe et aux plaisirs que l’argent permet de se procurer. D’autre part, l’égoïsme a tué l’amour du prochain.

Le principe de cette décadence s’est trouvé d’abord dans l’aristocratie (c’est-à-dire l’élite), lorsqu’elle a négligé ses devoirs. À une aristocratie de race a succédé une aristocratie de propriétaires qui est devenue une aristocratie de la finance. Avec l’aristocratie de l’argent, il n’y a plus de liens entre petits et grands, le pauvre conspire par cupidité, le riche conspire par peur.

2 - Les ressources du christianisme.

C’est l’union qui fait qu’un ensemble se tient et forme un tout. Or l’union procède de l’amour qui est donc la première loi du monde moral. La charité est le lien de la perfection. Le christianisme offre des ressources puisqu’il est la source pure de la charité c’est à dire le principe générateur des affections réciproques. Seule la religion catholique fera entendre la voix de la conscience et du devoir, mettra un frein aux convoitises et amortira l’impétuosité des passions mauvaises.

3 - La place de la famille.

Aucune société ne peut subsister sans l’assistance mutuelle qui doit être constante et organisée. Alors que la loi du règne animal, c’est la lutte pour l’existence, la principale loi de l’humanité, c’est l’entente pour la vie. L’amour provoqué par le lien du sang, la communauté de vie et de péril, le besoin de protection en commun sous l’égide d’un chef, engendrent la solidarité familiale.

Les familles forment le germe de l’État.

L'’autorité familiale (celle du père), est de caractère religieux (image du père éternel). L’autorité accordée au père de famille est une conséquence légitime de cette dignité naturelle qui est de continuer l’œ oeuvre de la création. A l’autorité du père doit se joindre la sainteté de la mère ; si la mère se fait un devoir d’imprimer à son enfant le caractère divin, la main du vice ne l’effacera jamais entièrement. Le mari nourrit la famille, la femme élève les enfants.

Dans la famille souche, celui qui hérite doit prendre en charge les autres membres plus faibles. Ceux qui n’ont qu’une part minime doivent chercher fortune. Aussi, les familles souches ne peuvent se maintenir que dans la mesure où elles peuvent garder les biens qui les aident à se perpétuer.

Toute famille doit tendre à avoir une histoire. Le livre de raison d’une famille contient la généalogie et l’histoire de la souche domestique, le présent (la vie d’aujourd’hui) et les enseignements laissés par les parents. C’est un résumé de tout ce qui moralement et matériellement constitue la famille.

4 - Les spécificités françaises.

Les monarchies chrétiennes de l’Europe sont toutes l’oeuvre d’une famille. L’Allemagne, l’Italie, qui comme la France sont issues de l’empire de Charlemagne, n’ont pu réaliser leur unité qu’à la fin du XIX’ siècle, alors qu’en France, c’est la famille capétienne, c’est la fixité de la dynastie royale fondée sur la loi salique qui a formé et maintenu l’unité nationale. C’est grâce à ce principe de l’hérédité que la royauté française put acquérir au cours des siècles les conditions de force, de durée, nécessaires à sa puissance et à son rayonnement.

Ce fut au XIIIe siècle que l’organisation sociale fondée sur le dévouement et les services réciproques gagna son apogée, et ce fut à cette époque que la nation française atteignit son plus haut degré de prospérité et un ascendant sur les autres nations.

Après les États de l’Église, c’est en France que la royauté était la plus dégagée des liens terrestres, la plus spiritualisée. Le Roi était plus le père de son peuple que de ses propres enfants qui étaient fils de France (l’ensemble des familles françaises était gouverné comme une famille.) L’onction du sacre donnait au Roi un certain caractère de sainteté qui établit des rapports particuliers entre Dieu et le Roi (le pouvoir des écrouelles qui était donné non par une vertu innée mais par une grâce accordée par l’intercession de Saint Marcoul qui l’obtint pour tous les rois de France).

La société était ainsi organisée : la bourgeoisie rassemble des familles respectées qui se sont constitué des patrimoines. La noblesse, constituée de l’ensemble des familles dont l’élévation des sentiments et la situation acquise par de longs mérites, est employée au service gratuit du pays (elle devait toute sa vie se tenir à la disposition du Roi comme soldat ou officier). Par ailleurs la noblesse a une fonction sociale vis à vis d’un groupe déterminé d’habitants du royaume. L’aristocratie, ce sont les meilleurs au service de l’État.

La politique de Louis XIV s’attacha à séparer les gentilshommes du peuple en les attirant à la cour. Croyant s’affermir, la royauté détruisit de ses propres mains le fondement où elle était établie.

En France, la société a conservé le type familial jusqu’à la révolution qui s’est fixé comme devoir d’émanciper les individus et rendre la personne humaine cellule élémentaire organique de la société.

L’esprit et le texte du code civil sont opposés à toute continuation, à toute perpétuation de la famille qui n’est considérée que comme momentanée et qui se dissout à la mort d’un des contractants. La place qu’occupait le fils ainé dans l’ancienne société est prise par le fils unique dans la société nouvelle. La désorganisation de la famille a été promulguée par les lois sur le divorce, l’égalité de la femme dans l’économie du ménage (affaiblissement de l’autorité), le partage légal des biens entre les enfants qui rend chaque génération indépendante de celles qui l’ont précédée. L’autorité paternelle n’existe plus, c’est la loi, c’est à dire l’État qui attribue aux enfants leur part dans l’héritage.

5 - Les conditions pour la guérison des nations et de la nation française.

La grande erreur des démocrates est de vouloir élever tous les hommes à la fois.

La puissance et la prospérité d’une nation, c’est la puissance de ses vertus morales. Il faut des traditions sous les lois mais il faut l’éducation familiale sous les traditions pour les soutenir et les maintenir. L’esprit familial est une des conditions d’existence, de vie et de prospérité dont la société humaine a besoin. Il n’y a rien de pire pour un peuple que l’abandon de ses traditions et la perte de son idéal ; chez lui s’installe alors le plus subtil des maîtres, l’argent.

La France est née, elle a vécu catholique et monarchique. Sa croissance et sa prospérité ont été en lien direct, du moment qu’elle s’est attachée à son Église et à son Roi. Toutes les fois que ses énergies se sont exercées à l’encontre de ces deux idées directrices, l’organisation nationale a été profondément et dangereusement troublée.

En restaurant dans les cœurs les nobles sentiments qui inspirèrent les institutions du passé, naîtront des institutions nouvelles conformes à l’état présent de la société.

L’abolition des lois révolutionnaires, passe par la reconquête de la liberté de constituer un patrimoine familial transmissible de génération en génération et la renaissance des traditions familiales qui permettent de raviver l’esprit de famille.

Pour échapper aux effets de l’individualisme, il est nécessaire de recréer des associations selon le mode corporatif qui unisse les riches et les pauvres. La solution vis à vis de la question ouvrière et plus généralement vis à vis des questions sociales est une forme morale qui rétablirait la réciprocité du dévouement et des services. Cette réforme doit résulter d’une éducation nouvelle à qui il appartient aux classes supérieures de l’entreprendre en commençant par elle-même.

A.B.J.

LIVRES POUR JEUNES

CE PETIT GARÇON DE BUREAU – père Francis Finn –
Édition saint Rémi - 158 pages — 2010 - 14 €

Nous sommes dans une école catholique américaine et Michel, 14 ans, secrétaire du père directeur, lit le journal pour tromper son ennui... Une petite annonce le fait bondir. Le journal local lance un concours : un piano à queue sera offert à qui collectera le plus grand nombre de coupons contenus dans chaque exemplaire du journal. L’école décide de concourir et soudain le jeune Michel se trouve, suite à la brutale maladie du directeur, chargé de la lourde responsabilité de mener à bien cette affaire. La concurrence est effrénée car de puissantes associations décident également de concourir. Michel va montrer des grandes qualités d’ingéniosité et de persévérance et lorsque le père directeur réintègre son poste, il le félicite de son comportement. Ce récit véridique est plein de vie, de charme et comme toujours dans les histoires du père Finn, il amènera l’enfant à réfléchir à quelques questions sérieuses comme ici les rapports entre l’honnêteté et l’honneur ou comment se débarrasser de scrupules dans la vie spirituelle. Pour garçons et filles dès 11-12 ans.

I.N.

LA PRÉSENCE RÉELLE ET LES MIRACLES
DU SAINT. SACREMENT - Monseigneur de Ségur -
Éditions Saint-Rémi -Réédition 2010 - 116 pages - 12 €

Écrit en 1865, ce remarquable exposé de la doctrine catholique sur la sainte Eucharistie s'adresse à tous à partir de 14 ans ; les châtiments extraordinaires et surnaturels de quelques ennemis de Dieu qui se sont livrés à l'impiété ou à un sacrilège ainsi que les miracles du Saint-Sacrement rapportés dans cet ouvrage peuvent être compréhensibles dès la première Communion.

L'existence de miracles contraint les plus tièdes à réfléchir avec sérieux sur la présence réelle de Jésus dans l'Eucharistie tandis que la science moderne est obligée de s'incliner face à de telles manifestations inexplicables de Notre Seigneur. Cependant Monseigneur de Ségur répète que : "ils ne sont point nécessaires pour que nous croyions. Ce n'est pas sur eux que repose notre foi : c'est avant tout sur l'enseignement infaillible de la sainte Église catholique, par qui Dieu et son Christ apprennent au monde ce qui est vrai et ce qu'il faut croire."

Agréable à lire en raison de la fluidité du style, des mots simples et justes, ce livre nous invite à recevoir souvent Jésus dans une bonne Communion, source de toutes les grâces.

M.A.G.





INVITATION :

A l'occasion de la parution de ce nouvel ouvrage de circonstance, nous vous invitons à venir supplier la Sainte de la Patrie, la messagère du Christ Roi de France, le 25 juin prochain à Saint-Benoît-sur-Loire. Cette journée organisée par les Amis du Christ Roi de France, et les éditions Saint-Remi y tiendront un stand de livres. Cette année 2011 est la vigile du 600ème anniversaire de la naissance de Sainte Jeanne d'Arc et le 1500ème anniversaire du rappel à Dieu de Clovis. "Il y a grande pitié au royaume de France", venez prier Sainte Jeanne en ce lieu historique de la triple donation.

PROGRAMME ET DETAILS PRATIQUES

Des offres promotionnelles seront proposées sur place. Si vous souhaitez y voir certains titres, faites le nous savoir dès maintenant, il nous est impossible d'amener un exemplaire de chaque titre de notre catalogue riche de 1100 ouvrages.

VOIR LES 4 NOUVEAUX TITRES PRECEDENTS DU MOIS DE MAI

Catlogue complet ESR, format pdf

Nos éditions espagnoles ESV

Facilité de paiement : en 3 fois sans frais, par carte bancaire
Au moment de valider votre commande vous pouvez choisir le paiement en une fois ou en trois fois

Si vous ne souhaitez plus recevoir de messages de notre part, veuillez vous désinscrire sur la page d'accueil en bas à gauche www.saint-remi.fr

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire