Répondre à: Editions Saint-Remi
BELLES RECENSIONS DE L'ACTION FAMILIALE ET SCOLAIRE
Nous rendons hommage à la revue Action Familale et Scolaire, qui vient de faire paraître dans son n°215 de belles recensions de nos éditions, dont nous vous faisons part. Pour commander des n° de leur revue ou vous y abonner : Action Familiale et Scolaire - BP 80833 75828 Paris - Tel : 01 46 22 33 32 - afs.a@wanadoo.fr
Nous remercions donc vivement l'Action Familiale et Scolaire de nous aider à faire connaître ces deux grands auteurs que sont Mgr Delassus et le père Ayroles, dont nous avons réédités toutes les oeuvres si importantes pour une restauration catholique de la société.
Nous invitons maintenant l'Action Familiale et Scolaire à continuer cette action formatrice, avec les ouvrages de Mgr Gaume, pour une formation religieuse profonde et vraie des catholiques qui veulent garder la Foi.
Tout d'abord un bel article (voir tous les articles ci-dessous) articulé autour des deux livres essentiels sur Sainte Jeanne d'Arc et sa Mission, publiés aux éditions Saint-Remi:
Le Rnd Père
J.B.J. AYROLES
JEANNE D ARC SUR LES AUTELS ET LA REGENERATION DE LA France
Prix : 25.00
Mgr
Henri DELASSUS
LA MISSION POSTHUME DE SAINTE JEANNE D ARC et le règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ
Prix : 26.00
Puis une recension alléchante de :
Mgr
Henri DELASSUS
L' ESPRIT FAMILIAL, DANS LA MAISON, DANS LA CITE ET DANS LETAT
Prix : 16.00
Prix promo 14,40
Pour la jeunesse, une recension des neufs Nonni par Jón Svenson, parue sur plusieurs n° de l'action familiale et scolaire. Nous avons regroupé toutes ces attrayantes présentations sur cette page : NONNI
Sont présentés également pour la jeunesse :
Mgr
de SEGUR
LA PRESENCE REELLE, et les miracles du Saint-Sacrement.
Prix : 8.00
Le Père
Francis FINN
CE PETIT GARÇON DE BUREAU
Prix : 14.00
RAISONNER EN POLITIQUE
Jeanne dArc, ou la renaissance française
Si vous aimez la France, si vous croyez à sa mission temporelle, si vous pensez quelle peut sortir rajeunie des épreuves actuelles comme elle a triomphé des difficultés du début du XVe siècle qui ont failli lemporter, alors, lisez le livre du R. P. Ayroles, "Jeanne dArc sur les autels et la régénération de la France".[1]
Lauteur est une grande figure de la Compagnie de Jésus. Il naquit en 1828 à Bordeaux et mourut en 1921. Anti-libéral du point de vue religieux, contre-révolutionnaire du point de vue politique, il a été, par ses travaux historiques, le véritable artisan de la canonisation de sainte Jeanne dArc.
Le Pape de lépoque, Léon XIII, le qualifie de "principal témoin" de cette histoire, et tous les auteurs qui ont travaillé sur la Sainte de la patrie se sont rapportés à ses ouvrages.
I - Luvre du R.P. Ayroles
Au XIXe siècle, à son époque, la France se voit dépossédée de son temporel chrétien et dominée par des forces étrangères à son être historique. Vous connaissez la suite : les meilleurs catholiques réagissent et veulent rendre au pays sa légitimité monarchique. Dans son domaine spirituel, le père Ayroles a pour idée dobtenir de Rome la canonisation de Jeanne dArc, pour apporter à la France les secours du ciel.
Nous sommes, depuis, beaucoup plus affaiblis et beaucoup moins catholiques quau XIXe siècle. Mais la canonisation de Jeanne est faite et lon peut espérer que lÉglise triomphante vienne en aide à lÉglise militante, car la canonisation confère aux saints une nouvelle mission.
Depuis le père Ayroles, presque cent ans se sont passés et la crise qui nous touche paraît, elle aussi, nen plus finir. Mais ne peut-on pas penser que Jeanne dArc soit toute désignée pour nous réconforter dans lEspérance, elle qui relève la France morte de la guerre de 100 ans ?
La pensée du père Ayroles sur ces questions se trouve dans son livre : "Jeanne dArc sur les autels et la régénération de la France". Il est impossible den résumer les 450 pages, mais en voici lidée principale.
II Pour que France continue !
À travers sainte Jeanne dArc, le Roi des nations honore la France entre toutes. Les marques damour de Notre-Seigneur Jésus-Christ pour la France, notre héroïne en est la personnification. Sa sainteté ne se contente pas comme pour beaucoup de saints daccomplir une vie privée dans le surnaturel chrétien. Alors quelle se trouve exceptionnellement touchée par la grâce peu de saints ont bénéficié de telles faveurs elle y entraîne la patrie tout entière. En effet, mille ans après la naissance de la France au Ve siècle, le temps de Jeanne cest la guérison, voire la résurrection de la nation. Au XVe siècle, la France est en danger de mort. Les périls nouveaux de la modernité, la poussée de létranger auraient pu lemporter, comme la été, à la même époque, lempire byzantin ou, un siècle plus tard, lEurope du Nord dans lhérésie. Mais la Providence veillait sur la France.
Cest dailleurs un mystère sur lequel on peut sinterroger sans pouvoir réellement répondre : pourquoi Dieu aime-t-il tant la France, au point dinventer un huitième sacrement pour son roi très chrétien, au point den faire une terre de saints, de miracles et de lieux surnaturels (pensons à lapparition de la rue du Bac où la Sainte Vierge dit que le globe quelle montre à sainte Catherine Labouré représente le monde et la France en particulier.) ?
On peut dire, que cet amour divin pour notre patrie a quelque chose de très mystérieux, dincroyable même. Et tel est le sens de la sainteté de Jeanne dArc : rappeler à un peuple et à ses plus hauts représentants, que le Christ est vrai Roi de France et que, par la France, Il veut régner sur le monde ; que la France est Fille aînée de lÉglise et quelle a un rôle éducateur de grande sur à exercer sur les autres nations : cest la vocation religieuse de cette fille aînée. Mais ce plan a contre lui le "Prince de ce monde". Cest pourquoi la Providence dote politiquement la France de faveurs surnaturelles. Parmi tant de faveurs, Jeanne dArc est sûrement la plus grande. En effet Jeanne dArc personnifie à la fois cette vocation de la France et lesprit de Notre-Seigneur comme très peu de saints y sont arrivés. Et pourtant la connaissons-nous ? On ne peut sempêcher de penser quune telle figure héroïque aurait une toute autre place, si elle avait existé chez un autre peuple moins enclin aux complexes de la personnalité.
En six siècles, une ou deux générations à peine de catholiques se sont vraiment placées sous son patronage. Quel chef dÉtat parmi les successeurs de Charles VII la prise comme conseillère céleste ? Et aujourdhui quels foyers, quelle proportion de citoyens lui confient les causes temporelles de la patrie ?
En cela, Jeanne dArc na pas épuisé les grâces quelle réserve à une France chrétienne qui les lui demandera. Proclamée patronne de la patrie seulement en 1922, sa mission est à venir en vertu de cette promesse faite par Notre-Seigneur à une autre Vierge française, sainte Marguerite-Marie Alacoque : "Ne crains rien ; je régnerai malgré mes ennemis et tous ceux qui voudront sy opposer." Ce sont presque les paroles de Jeanne dArc au début de sa mission, quand elle sen ouvre à Robert de Baudricourt, le capitaine de Vaucouleurs. Ce sont les premières paroles publiques de Jeanne : "Messire, je viens de la part de mon Seigneur, qui veut que le Dauphin devienne roi, il sera roi malgré ses ennemis, et moi, je le conduirai à son sacre."
III Jeanne, une sainteté toute française
Mais avant de se pencher sur cette mission de politique sacrée, cherchons à savoir, avec le père Ayroles, qui était Jeanne dArc.
Traitons pour commencer de la personnalité de Jeanne dArc puis de sa mission. Enfin nous conclurons sur lactualité de son message, ce que certains auteurs (Monseigneur Delassus, au début du 20e et le colonel Argoud à la fin du même siècle) ont appelé la deuxième mission de Jeanne dArc.
Dabord Jeanne dArc est le type vivant de la France très chrétienne, le modèle proposé par le Christ à la patrie pour quelle soit pleinement la fille aînée de son Église. Recherchons avec le père Ayroles les traits de son caractère, quon retrouve dans le meilleur de notre psychologie nationale. Jeanne dArc est naïve mais pleine de bon sens. Vive et alerte, mais profondément recueillie. Simple mais noble, chevaleresque (le chevalier est le soldat au service de lÉvangile). Charitable mais guerrière, le combat est dans la vocation de la France, "la France, ce soldat de Dieu" disait Shakespeare. Le tempérament des Français est combatif (lÉglise sen est dernièrement encore aperçue à travers la crise doctrinale et liturgique). Jeanne dArc cest aussi loubli de soi et le besoin de se sacrifier. Comme son divin Seigneur, elle est agneau et lion à la fois. Elle est aussi charitable, courtoise mais spirituelle et parfois ironique, ou même saintement insolente. Son esprit lemporte toujours, quil sagisse de redonner courage au roi de France ou de sadresser à larrogance du roi dAngleterre et de sa troupe de faux théologiens. La petite paysanne pure et illettrée triomphe des pièges avec une aisance fine et joyeuse. Quon relise ses réponses au procès de Rouen.
Terminons ce portrait en soulignant chez Jeanne deux autres traits français : son esprit et sa paysannerie. Son esprit, par ses réponses vives et son bon sens, font delle un génie des humanités. Son style est beau, ses formules sont frappantes, parfois mordantes et pleines de rondeurs à la fois, comme chez tous les grands mystiques.
En saluant sa paysannerie, nous ne laisserons pas dans loubli son côté touchant de petite paysanne lorraine, qui grandit "au jardin de son père". À la maison, avec sa mère, elle file la quenouille. Dehors elle fait paître le troupeau. Les mérites de cette vie lui en montrent le prix : elle défendra la terre des pères, pour que la patrie reste française. Jeanne dArc est donc paysanne, noble paysanne certes, comme la France dailleurs.
Pour illustrer ces vertus terriennes françaises, citons Charles Péguy faisant parler Dieu à propos des Français :
Ô mon peuple français, ô mon peuple lorrain.
Peuple pur, peuple saint, peuple jardinier.
Peuple laboureur et cultivateur.
Peuple qui laboure le plus profondément les terres et les âmes.
Peuple qui fait le pain, peuple qui fait le vin...
Français dit Dieu, cest vous qui avez inventé ces beaux jardins des âmes.
Cest vous qui dessinerez mes jardins du Paradis.
Il a dû y avoir quelque chose, dit Dieu, entre nos Français et cette petite Espérance.
Ils y réussirent si merveilleusement.
(Charles Péguy - La Pléiade - Gallimard p.633 à 637)
IV Une sainteté vraiment chrétienne
Cette "petite Espérance", cest dabord Jeanne dArc. Mais Jeanne dArc nest pas seulement un modèle français. Cest aussi lune des personnifications les plus accomplies de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Cest ce que montre le père Ayroles. Comme dans toutes les histoires, partons du début et de la géographie.
Domrémy, comme Nazareth, sont des villages sans importance particulière. Le foyer de Jacques dArc reflète celui de saint Joseph : foi patriarcale, pauvreté, travail, pureté, affection mutuelle.
Jeanne y vit le jour lors de la fête de lÉpiphanie 1412, temps liturgique de la Nativité du Seigneur. Elle est placée divinement sous la protection des rois mages. Un témoin raconte : "tous les habitants de Domrémy se sentent inondés de joie, ils sortent de leur maison et se demandent les uns aux autres ce qui est arrivé de nouveau".[2] Là, elle grandit, aimée de tous jusquà la vénération, dira le curé de la paroisse. De Jeanne à Domrémy, lhistoire a retenu surtout la bergère, bergère comme beaucoup de saintes françaises de Geneviève à Bernadette. Sur cette figure de bergère, il est possible démettre ici une hypothèse.
Si on se reporte à lÉvangile, devant les nombreuses images pastorales employées par le Maître, on peut penser que Notre-Seigneur a lui-même exercé ce métier de berger, avant de conduire lhumanité à Dieu. Quoi quil en soit des mystères de la vie cachée du Sauveur, ce qui est sûr cest quà Bethléem, pour la plus grande théophanie de lhistoire, il y a des anges, des bergers et des moutons. Pareil à Domrémy, pendant les années denfance, où la bergère est préparée par saint Michel, chef des milices célestes et protecteur de la France. Il lui racontait la pitié qui était au royaume de France et la préparait à y porter remède.
Puis elle quitte son foyer et les siens. Là aussi, les rapprochements avec le Christ sont frappants, cest ce que montre le père Ayroles. Comme celle de Notre-Seigneur, sa vie publique lui attire les foules où elle remarque les plus humbles et les plus pauvres. "Cest pour eux que je suis née", disait-elle. Dune grâce incomparable, elle suscitera chez quelques grands seigneurs des haines farouches. Enfin elle sera trahie, jugée par une sorte de Sanhédrin, puis livrée aux Anglais.
À grands traits, quelques parallèles entre leurs vies publiques apparaissent. Dabord le rôle toujours positif des femmes : aucune dans lÉvangile ne sélève contre le Christ et beaucoup ladmirent, le servent ou le plaignent. Dans son histoire, on peut dire la même chose de Jeanne. Certaines donneront même leur vie pour elle, comme cette bretonne arrêtée à Corbeil par lUniversité de Paris et qui fut brûlée le 3 septembre 1430 pour ne pas sêtre rétractée sur cette affirmation : "Jeanne est bonne, ce quelle fait est bien fait selon Dieu".
Le père Ayroles poursuit les parallèles : Cauchon cest Caïphe, luniversité anglaise et antipapale de Paris cest le Sanhedrin, Bedford, le régent de France pour Henri dAngleterre, cest Pilate. Enfin Jean, comte de Luxembourg, premier vassal du duc de Bourgogne, livre Jeanne dArc aux Anglais à la manière dHérode.
De tous ces personnages, le pire est lévêque Cauchon. Il doit son siège de Beauvais à ses intrigues politiques pro-anglaises. Sa haine contre Jeanne a un motif personnel : à lapproche de la libératrice française, Beauvais sétait déclarée pour Charles VII et la ville avait chassé son prélat anglo-bourguignon. Pendant cinq mois derrance (du ler mai à la fin septembre 1430), Cauchon négocie la Pucelle et réclame à la juger. Comme Caïphe et son Sanhedrin face à Jésus, ce prélat et ses docteurs de lUniversité de Paris ne supportent pas la pureté divine.
Et le procès de Rouen entretient des similitudes frappantes avec celui de Jérusalem. Les accusés sont tout de suite traités comme les pires criminels et sont lobjet dune haine farouche de la part des autorités, plus partie que juge. Attardons nous quelques instants au caractère propre des derniers temps de Jeanne dArc : les cinq mois passés par la Pucelle en prison la montrent cruellement attachée par le cou à une chaîne qui entoure le corps et se termine à une poutre qui barre la pièce. Les pieds sont liés et, privée de tout, on ne la décroche que pour deux cruels interrogatoires épuisants et perfides dont elle triomphe toujours surnaturellement. Personne pour lassister, encore moins la défendre, et les deux fils de saint Dominique qui sy sont risqués ont été menacés de mort. (ibid p. 134) : Martin Ladvenu et Isembert de la Pierre.
Pour le père Ayroles, ce procès en fait nen est pas un : cest une assemblée de malfaiteurs, un brigandage, un simulacre de jugement, accomplis sur ordre du roi dAngleterre, seule autorité souveraine dont se sert Cauchon pour se légitimer. Sous cet angle et malgré létiquette ecclésiastique, ce procès nengage pas lÉglise. Dailleurs Jeanne a déjà été jugée à Poitiers par de nombreux évêques romains et français. Tous ont reconnu sa mission. Cest pourquoi, mettre lÉglise, comme le fait Cauchon dans le procès, cest commettre un sacrilège.
À la délicate question de savoir comment on doit considérer dans lÉglise lautorité indigne, le père Ayroles répond : "Cauchon appartient à lÉglise, comme le loup revêtu de la peau du berger appartient au bercail quil dévaste. Le Maître na-t-il pas dit : celui qui entre dans la bergerie autrement que par la porte est un voleur et un brigand. Cette porte cest la foi, la gloire de Dieu et le salut des âmes." À lire les comptes rendus des séances du procès de Jeanne dArc, on est frappé par les ressemblances quon y trouve avec celui de Notre-Seigneur, dans les accusations, dans les vices de forme, dans la mort des suppliciés pleins de miséricorde et de pardon pour leurs adversaires. Au Calvaire, le soldat qui avait ouvert le cur du Sauveur avait proclamé Sa divinité. À Rouen, après la consumation du bûcher, comme de la braise sous la cendre, on retrouve le cur de Jeanne intact, et le bourreau court au monastère voisin des dominicains, pour se faire pardonner davoir exécuté une telle sentence. Par la suite, on persécute les voix qui sélèvent contre la condamnation et le conseil de la cour franco-anglaise envoie, dans toute la catholicité, une fausse histoire de la Pucelle.
Laissons au père Ayroles le soin de conclure sur cette comparaison de notre héroïne avec le Sauveur : "Le peuple juif porta la peine du déicide ; le peuple anglais la peine davoir brûlé lune des plus belles personnifications de Jésus-Christ. Les cendres de lenvoyée du ciel portées par les vents et les flots vers les côtes britanniques y semèrent la malédiction" (Perte des provinces de France, occupées pour certaines depuis trois siècles, sur lîle la guerre des Deux-Roses fit du XVe siècle un carnage), "lAngleterre est encore dans le schisme et lhérésie, comme la nation juive dans linfidélité." (op. cit., p. 149 - 150). Mais revenons à la France, et plus précisément à la mission de Jeanne dArc sur la France. Pour traiter de cette mission, voyons ce que Jeanne a fait en France pour le Christ ou, si vous préférez, ce quelle fit, et ce quelle peut encore faire, au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ, pour la France.
V Une mission providentielle
À grands traits, suivons la mission temporelle de Jeanne dArc. Commençons en laissant parler notre héroïne.
"Jétais dans ma treizième année quand jeus une Voix venant de Dieu pour me gouverner. La première fois jeus grande peur, et la Voix vint à moi sur lheure de midi, en été, dans le jardin de mon père... Cétait la Voix dun ange, saint Michel... accompagné des anges du ciel... Saint Michel dit que sainte Catherine et sainte Marguerite viendraient aussi et que jagisse sur leur conseil. La Voix (de saint Michel) me disait quil fallait que jaille en France, ... que je ferai lever le siège dOrléans... et sacrer le roi à Reims"
Mais le surnaturel allait même plus loin puisque, pendant que Jeanne fut divinement préparée par saint Michel, patron de la France (on ne peut sempêcher de penser aux pastoureaux de Fatima préparés par "lAnge du Portugal"), son père, Jacques dArc, durant deux ans, eut des songes dans lesquels sa "Jeannette" partait avec les gens darmes.
Cest pourquoi ses parents la tenaient de près, de crainte quelle leur échappe. Et elle den conclure à son procès : "Moi je leur obéissais en toutes choses". Ailleurs, elle écrit aussi : "En toutes choses, je leur ai bien obéi, excepté en mon premier départ... Mais depuis je leur ai écrit et ils mont pardonnée. Puisque Dieu le commandait, il fallait le faire". Le père Ayroles nous fait remarquer, dans ces quelques épisodes de la vie familiale, tous les parallèles avec la Sainte Famille à Nazareth, les songes de saint Joseph, les craintes des époux, la soumission du Fils et son recouvrement au Temple.
Mais cette vie privée touche vite à son terme puisquà 17 ans sa vie publique commence, le 12 février 1429, devant le capitaine royal Robert de Baudricourt, dans la forteresse voisine de Vaucouleurs. Comme dautres lauraient été, le chef militaire est incrédule. Jeanne dArc emporte sa résistance et part avec six hommes darmes, quelle réconforte ainsi : "Nayez peur, mes frères du Paradis et mon Seigneur Dieu mont dit déjà, depuis quatre ou cinq ans, quil me fallait guerroyer pour reconquérir le royaume de France. Jagis par commandement. Vous verrez à Chinon comme le Dauphin nous fera bon visage."
Et laventure commence, pourrait-on dire. Ce long voyage (150 lieues dit Jeanne, soit 600 de nos kilomètres), à travers une France occupée et livrée à toutes sortes de dangers, se passa au mieux, comme notre prophétesse lavait prévu. Et le 9 ou le 10 mars 1429, elle rencontre Charles VII :
"Gentil Dauphin, jai pour nom Jeanne la Pucelle, et vous mande[3] le Roi des cieux que vous serez sacré et couronné dans la ville de Reims et serez lieutenant du roi des cieux qui est roi de France". Elle lui dit aussi : "Très illustre seigneur, je suis venue et je suis envoyée de par Dieu pour donner secours au royaume et à vous. Et vous mande[4] le Roi des cieux par moi que vous serez son lieutenant à Lui, qui est roi de France."
Et Jeanne dinsister :
"Gentil Dauphin, pourquoi ne me croyez-vous pas ? Je vous dis que Dieu a pitié de vous, de votre royaume et de votre peuple, car saint Louis et saint Charlemagne sont à genoux devant lui, faisant prière pour vous."
Jeanne a parlé.
Charles VII prudent et indécis, se laisse convaincre de sa mission divine, mais après examen et enquête. Les messieurs (clercs, universitaires et conseillers) mènent "les interrogatoires de Poitiers" (dont on a malheureusement perdu les procès-verbaux). Les dames de la cour procèdent à lexamen physiologique de la Pucelle, qualité sur laquelle elle se présente et qui est le signe de la consécration à Dieu. Tous concluent à sa grande valeur et voient en elle la dernière chance de la royauté française. Mais Jeanne simpatiente dagir. Elle fait plus que soupirer, elle avertit quand elle dit "Il est temps, il est urgent de besogner, le moment dagir est venu".
On réclame de Jeanne un signe. Elle veut bien, mais veut surtout que le signe soit utile à sa mission. Elle demande à être conduite à Orléans pour en lever le siège et sur le conseil de la commission, Charles VII forme la maison militaire de Jeanne. Son premier acte militaire montre une guerrière toute pacifique. Elle commence par écrire une très belle lettre aux autorités anglaises pour les prévenir de la volonté divine de voir les Anglais chez eux et de rendre la France à Charles. Arrivée le 29 avril à Orléans, assiégée depuis plus de six mois, elle renouvelle sa sommation aux Anglais pour éviter les combats, car Jeanne voudrait une guerre sans morts. Mais elle sentend répondre : "Vachère, ribaude, tu seras passée par les armes".
Armée de la prière, des sacrements et de son célèbre étendard, elle fait lever une porte de la ville et, en quelques jours de prodiges militaires, le miracle saccomplit : Orléans est délivrée le dimanche 8 mai 1429.
Sur cette victoire, Jeanne dit à Charles VII : "Gentil Dauphin, mettez-moi en besogne car je ne durerai guère, une année, pas beaucoup plus."
VI Reims dabord, les batailles ensuite
Cest alors que les villes tombent et les chefs anglais sont faits prisonniers. Mais Jeanne veut dabord doter la France dun roi, à Reims. Cest lapplication du "Dieu premier servi" et le plan de sa mission. Cest aussi une anticipation du « politique dabord », de Maurras[5], car à la France, il faut un roi ! Ce retour à la monarchie très chrétienne semblait impossible : la ville, très bien défendue, venait de renouveler son serment à lAngleterre. Jeanne vient à bout des réticences de Charles et, le 16 juillet au matin, on lui apporte les clés de Reims où il rentre le soir.
Et le sacrement du miracle français nattend pas. Le lendemain, dimanche 17, Charles VII est sacré, renouvelant lalliance contractée entre le Christ et la France. La rapidité pour ne pas dire la précipitation nenlève rien à la majesté de la cérémonie et la surprise de lévénement met lenthousiasme des assistants à son comble. Quand le roi fut sacré et couronné, léclat des trompettes ne parvenait pas à couvrir la clameur générale du célèbre cri "Noël, Noël... vive le Christ qui aime la France" car depuis le baptême de Clovis, Noël, cest la double naissance du Christ et de la France.
Sur ce sacre, retenons comme image souvenir, ce tableau célèbre du peintre montalbanais Ingres : Jeanne tenant son étendard, debout aux côtés du roi.
À la fin, agenouillée devant le lieutenant du Christ, elle lui baise les pieds à chaudes larmes. Elle sadresse à lui, mais ne lappelle plus Dauphin. Elle lui dit : "Gentil roi, à cette heure est exécuté le plaisir de Dieu qui voulait que vous veniez à Reims recevoir votre sacre, en montrant que vous êtes vrai roi et celui auquel le royaume doit appartenir".
La cérémonie achevée, il faut quitter Reims. Sur la route du retour, Jeanne exprime son désir de retrouver les siens à Domrémy pour y mener leur vie, ou être enfouie dans cette loyale terre française. Mais aucun des vux de cette nostalgie légitime ne se réalisera.
Il y a dautres victoires moins célèbres que celle de Reims, mais tout aussi éclatantes. Les prodiges accomplis montrent une foi qui soulève les montagnes, une mission que rien narrête. Jeanne dArc sy impose comme un stratège militaire de génie, à étonner les siens et à confondre ses adversaires. Tous les chroniqueurs et les historiens sont étonnés par cela.
Au XXe siècle, on sest battu et on a étudié lart de la guerre comme à aucune autre époque de notre histoire. Des généraux et des officiers supérieurs ont écrit sur elle. Tous restent subjugués devant les récits historiques des batailles. Les militaires français ou étrangers qui ont étudié son histoire sont unanimes à reconnaître les talents de Jeanne dans lart de combattre, son goût pour la tactique, son habileté à utiliser lartillerie. Habile dans la préparation, rien ne résiste à son audace dans lexécution. Elle sait que les Français sont excellents dans loffensive, que la "furia" des Français met leurs adversaires en fuite. Si lon survole son épopée, on peut dire que les 5 jours occupés à délivrer Orléans, les 8 jours employés pour dégager la vallée de la Loire, les 15 jours en Champagne avec le siège de Troyes, sont des modèles du genre. La glorieuse campagne de 1429, avec ses deux mois pour relever la France abattue, na pas son équivalent dans notre histoire. La France a eu des millions de héros, dhabiles généraux et de glorieux maréchaux : elle na eu quune Jeanne dArc !
VII Du sacre au sacrifice
On vient de le voir, (trop rapidement malheureusement), les victoires militaires et surtout le sacre de Charles VII frappent à mort la domination anglaise en France, même si les effets des campagnes de Jeanne ne se réaliseront quaprès sa mort. On pourrait même sétonner, à vue humaine, que le succès de Reims ne soit pas suivi des victoires dont il était prometteur.
Mais ce serait oublier que le sacre du roi ne prend tout son sens que dans la réalité chrétienne sacrificielle, et ce sacrifice ce sera celui de Jeanne. Comme son Seigneur, le grand combat lattend : celui du don total de soi, tant il est vrai quil ny a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux quon aime. Si Charles VII est sacré, Jeanne va être sacrifiée pour placer la croix dans la royauté française et en faire vraiment la monarchie très chrétienne. "Je durerai un an, guère plus" avait déclaré Jeanne en arrivant à Chinon, ajoutant quil fallait penser, "pendant cette année à bien uvrer".
Malgré cet avertissement, une fois sacré, Charles VII semble navoir plus quun souci : empêcher Jeanne dagir.
Elle voudrait prendre maintenant Paris, profiter tant de lenthousiasme général que de la surprise des Anglobourguignons.
Mais le roi, de tempérament indécis quand il nest pas versatile, se montre surtout craintif et las de voir les guerres ravager la France. Sa cour est divisée entre deux camps. Les guerriers : Jeanne bien sûr, quon sépare du Duc dAlençon dont lardeur combative saccorde bien avec la sienne. Et le conseil, qui lemporte auprès du roi. Il est composé de diplomates et de politiques, dont certains envieux de Jeanne comme larchevêque de Reims, Regnault de Chartres. Ainsi, un mois après le sacre, le 16 août 1429, leur délégation ira même, dans le secret et à linsu de Jeanne, négocier une trêve avec le Duc de Bourgogne et le parti anglais. Charles VII reconnaîtra publiquement son erreur, mais trop tard bien sûr, même si Jeanne navait pas attendu que le roi savouât berné pour reprendre la lutte. Partout dans les grandes villes, des partisans de la monarchie française lattendaient. Cependant, la réponse du roi de France ne venait pas. Pendant ce temps les Anglais sorganisaient.
Jeanne na pour elle quune petite escorte de quelques centaines dhommes, routiers qui se louaient au hasard des campagnes. Elle est entourée de son intendant Jean dAulon et de son frère Pierre. À Pâques 1430, elle arrive à Melun. Au fossé de la ville, les voies habituelles des saintes Catherine et Marguerite lavertissent quelle serait faite prisonnière avant la saint Jean, et lui demandent de tout accepter, en lui promettant laide de Dieu. Jeanne ne prend plus dinitiative, se range en tout à lavis des capitaines, sans faire état de cette révélation.
Alors quen mai le parti bourguignon progresse au nord, avec sa petite troupe, elle rejoint Compiègne pour aider les habitants qui veulent tous mourir pour le roi de France. Le lendemain de son arrivée surprise à Compiègne, le 23 mai, elle est en tête dune offensive française, mais ses troupes prennent peur, ne croient pas à sa promesse de victoire, retrouvent la ville et quand elle veut y retourner avec sa dernière escorte, cest trop tard, les bourguignons arrivent les premiers au pont-levis. On doit fermer les portes, Jeanne est dehors avec quelques hommes.
Sa capture remplit de joie le camp adverse. Elle est gardée jusquau 21 novembre 1430 par le comte de Luxembourg qui la vendra aux Anglais, contre lavis de sa femme et de sa tante, lesquelles ont témoigné quelques bontés pour Jeanne.
Dès lors, le procès dhérésie, attendu par Pierre Cauchon et quelques clercs peut se tenir. LUniversité de Paris la réclame, mais la place nest pas assez sûre. Le camp anglais préfère Rouen, où il règne en maître. Elle y arrive le 23 décembre 1430, après un mois de voyage.
"Je sais bien, a-t-elle dit au temps de sa victorieuse liberté, que les anglais me feront mourir, croyant après ma mort gagner le royaume de France, mais quand ils seraient 100 000 de plus quils ne sont à présent, ils nauront pas le royaume. Écoutez bien : avant sept ans, ils laisseront un plus grand gage que devant Orléans (la ville de Paris, où Charles VII entra triomphalement, sept ans après le sacre) et finiront par perdre toute la France. Je dis cela afin que, quand ce sera advenu, on ait mémoire que je lai dit". Petit à petit, la France reprit possession delle-même, purgeant la malédiction que Philippe le Bel, en sa politique antipapale et anti-romaine, lui avait value.
La comparaison faite entre le procès de Notre-Seigneur et celui de Jeanne se vérifie à son dénouement. Là encore, la ressemblance du disciple avec le maître est frappante. À lannonce du supplice, la veille de sa mort, Jeanne gémit dangoisse et sera réconfortée par les saints, comme Jésus au Jardin des Oliviers par lange.
Le 31 mai 1431 au matin, on la coiffe dune, inscription infamante comme pour le Christ en croix.
La bergère se fait agneau et entre, toute en dignité, dans lépreuve. Enfin, elle prend la parole pour pardonner à tous, pour confier son âme à lassistance, qui ne retient plus ses larmes, pour demander quon lui présente la croix pendant quelle se recommande à la Sainte Vierge et aux saints. Et quand les flammes sélèvent, par six ou sept fois on lentend crier : "Jésus !". Après le crime, le secrétaire du roi dAngleterre sécrie : "Nous sommes perdus, nous avons brûlé une sainte."
VIII La deuxième missions[6], fruit de la prière et de lespérance
Cette ressemblance du disciple avec le Maître, cette glorification terrible que Dieu réserve aux élus de grande mission, nous laissent croire que Jeanne na pas fini la sienne. Pour signe, la suite du récit : le soir du 31 mai, toujours sur la place du Vieux-Marché de Rouen, un fait rapporté par les témoins officiels : un tas de cendres contient une précieuse relique. Cest le cur de la sainte que le feu na pas consumé. Avec une ardeur digne des sacrilèges sans-culottes, les soldats anglais encore endurcis rajoutent flammes, huile, soufre. Rien ny fait. Le cur est finalement jeté avec les cendres à la Seine. Pauvre Jeanne qui voulait reposer dans la terre de France et qui préférait être décapitée sept fois plutôt que dêtre brûlée !
Mais ce miracle de la fin, qui est le premier des miracles posthumes, est le signe de la fidélité de lAmour divin pour la France et des faveurs que lui réserve le Sacré-Cur de Jésus, tabernacle de la patrie. Il est aussi le signe de notre espérance. Car le cur de Jeanne, symbole de laffection, reste intact pour la France, son grand amour, après sa mort.
Le cur est aussi lorgane de la vie. La conservation de celui de sainte Jeanne dArc signifie que ce cur bat toujours pour la France. Aujourdhui, ce qui reste desprit chrétien en France ressemble à cette relique. Sous les cendres de notre passé et des sacrifices de tant de Français, comme une braise enfouie, ce christianisme authentique est sous le boisseau. Mais demain, il faut sy attendre, sy préparer, il ravivera une patrie qui pour linstant le cache et le porte à la fois. Car la France entretient des liens privilégiés avec la foi chrétienne plus que toute autre nation. Sa constitution politique est sortie de la religion, et faire de la France un État laïc cest la défaire en tant que patrie. Dans ses "Considérations sur la France"[7], Joseph de Maistre écrit ceci : "Il y a dans lé gouvernement national et dans les idées du peuple français, je ne sais quel élément théocratique et religieux qui se retrouve toujours, le français a besoin de la religion plus que tout autre homme Sil en manque, il nest pas seulement affaibli, il est mutilé".
Si le cur de Jeanne à une valeur symbolique pour la situation française actuelle, son temps entretient des similitudes avec le nôtre : les dangers qui menacent la Chrétienté au XVe siècle préfigurent nos plus grands maux actuels. Jen prendrai deux à témoin.
Au XVe siècle, lIslam campe aux portes de lEurope et ne va pas tarder à semparer de Constantinople. Dans sa lettre au Duc de Bourgogne, Jeanne lappelle à la paix française et lui désigne le Sarrazin comme véritable adversaire.
Et au XVe siècle toujours, la première figure hérétique qui annonce la déchirure de la chrétienté du XVIe, puis lapostasie moderne, se dresse insolente en Bohème : cest Jean Huss. Jeanne lui écrit pour le menacer de son épée et lui exprimer son regret dêtre retenue en France par les Anglais. Elle lui reproche de sen prendre à la religion traditionnelle et à lautorité de lÉglise catholique.
Comme le XVe siècle finissait le Moyen Âge et ouvrait lépoque moderne, notre troisième millénaire est déjà entré dans ce que les spécialistes appellent la post-modernité.
Et comme au XVe siècle, notre époque ne semble pas avoir dautre secours que laide de Dieu. Car si la Providence intervient pour lÉglise, la France et le monde, ce sera, comme nous la montré Jeanne dArc, avec des instruments humains apparemment dérisoires. Ainsi Dieu agit dans lhistoire. Des peuples sans importance : les juifs de lAntiquité, la France de lère chrétienne. Les forces du Mal, quant à elles, sappuient toujours sur des puissances naturelles sans lesquelles elles restent impuissantes : Babylone et le monde arabe depuis le temps de la Bible, lempire Soviétique hier, lAmérique ou, la Chine aujourdhui.
Pour trouver, dans lhistoire de Jeanne dArc, un motif despérance en faveur de la situation actuelle de la France, rappelons le fait suivant. En commençant sa mission, Jeanne avait adressé une lettre aux Anglais où elle les appelait à la raison pour éviter les combats. Elle les invitait même "à venir en sa compagnie, disait-elle, là où les Français feront le plus beau fait darmes qui jamais fut fait pour la Chrétienté."
Elle avait annoncé que si sa mort devait se produire avant que sa mission divine ne fut remplie "tout ce pourquoi elle était venue saccomplirait."
Jeanne avait donc le sentiment que Dieu placerait dans la fécondité de son sacrifice une grande mission qui revient à la France. "Jeanne, dit le père Ayroles, na pas accompli toute sa mission durant sa vie terrestre. On cherche inutilement la réalisation de la prédiction formulée dans la dernière phrase de sa lettre aux anglais."
Car dans notre histoire, les "beaux faits darmes faits pour la Chrétienté", sont tous antérieurs à sainte Jeanne dArc. Depuis le XVe siècle, rien ne sest accompli en faveur de la Chrétienté daussi beau que les victoires de Vouillé, où Clovis brise larianisme, de Poitiers où Charles Martel écrase les hordes musulmanes, victoires de Pépin et Charlemagne en faveur du Pape et de la Chrétienté délivrée des Maures et des Saxons. Depuis Jeanne, les Croisades de saint Bernard, de Godefroy et de saint Louis nont pas leur équivalent dans notre histoire. Rien qui ressemble à Bouvines ou à Muret.
Donc, la première raison que nous avons pour espérer une renaissance catholique et française, cest que la prophétie de Jeanne et Dieu sait si le don de prophétie fut donné à la Pucelle ne sest pas encore réalisée. Cest le sentiment de Mgr Delassus dans son livre précité.
Deuxième raison, cest que notre époque, celle des quatre ou cinq générations qui sont encore historiquement liées, a voué à Jeanne un culte sans précédent. Dans notre siècle, celui qui commence en 1914 et qui na pas tout à fait fini son temps historique, les statues de la vierge guerrière ont été placées dans toutes les églises de France, comme dans tous les foyers catholiques. La Providence se réserve sûrement là une abondance de grâces futures.
Dans les épreuves contemporaines, sainte Jeanne dArc nous invite à lespérance et ceci entre autres, pour trois raisons :
Jeanne dArc vient après la guerre de 100 ans, certaines de nos régions ont même eu trois siècles doccupation anglaise ! Cela doit nous encourager à la patience dans cette crise générale, sociale et religieuse qui semble partie pour ne pas finir. Peut-être nest-on pas tombé assez bas : le naufrage sest produit, le naufragé coule, mais son talon nest pas encore arrivé au fond, point dappui doù il pourra remonter.
Deuxième raison : Jeanne dArc a été canonisée il y a seulement 80 ans et lon peut attendre de toute canonisation une nouvelle mission donnée au saint.
Autre raison despérer dans la fécondité temporelle du martyre de Jeanne : au XXe siècle, la France est sacrifiée comme jamais dans son histoire : pertes humaines de la grande guerre, pertes coloniales ensuite, pertes de sa civilisation, de sa culture, de sa souveraineté, de sa population. Les Français, comme la patrie, se sont sacrifiés ou lont été. À vue humaine, ces sacrifices sont des pertes dont on ne se remet pas. Mais le christianisme repose tout entier sur le dogme de lexpiation, la résurrection passant par la croix. Les épisodes douloureux et mortifères de lhistoire de France au XXe siècle sont trop importants, ont été souvent consentis avec une réelle intention chrétienne, pour ne pas avoir une portée providentielle et salvatrice.
Il y a là un motif réel despérance et, chrétiennement parlant, on peut attendre une intervention providentielle en faveur de la France, par les mérites de sainte Jeanne dArc. Car notre situation temporelle ressemble trop à son XVe siècle. Et quand il ny a pas dautre espoir que la confiance en Dieu, Dieu agit quand on ne lattend pas et comme on ne sy attend pas. Lespérance nest-elle pas le désespoir surmonté, selon le mot de Bernanos ? Hier, dune fillette illettrée, Il fait un général darmée pour sacrer un roi timoré et mettre en fuite ses adversaires. Sil ne nous appartient pas de connaître ce temps de redressement catholique et français, nous pourrons en hâter lavènement.
Comment sy prendre à lexemple de sainte Jeanne dArc ? Dégageons maintenant quelques leçons de cette histoire.
IX Morale de cette sainte histoire, catholique et française
Dabord sainte Jeanne dArc nous invite à renouer avec le surnaturel chrétien. Car sa mission historique est de faire sacrer le dauphin, quelle nappelle le roi ou sire quaprès le sacre dailleurs. Après la victoire dOrléans, signe public de son investiture divine, elle entraîne Charles VII à Reims avant tout autre combat. Car à lépoque déjà, le sacre commençait à perdre de son importance. Au XVe siècle en France, la monarchie séloignait de cette alliance fondamentale du trône et de lautel, ceci sous linfluence de lUniversité de Paris, desprit déjà laïque, anti-romain et naturaliste. Et tout cela bien sûr affaiblissait la France, la réduisant à la domination étrangère.
La mission de Jeanne dArc, cest surtout de restaurer la royauté sacrale et de rappeler les desseins divins sur la France. Son message rappelle donc limportance du surnaturel chrétien car, atteints par le doute et la crainte, les catholiques nutilisent pas assez les armes surnaturelles qui leur sont données. Jeanne nous invite à compter sur les armes surnaturelles, dont lefficacité augmente quand les moyens humains sont mis en difficulté, ce qui ne dispense en rien de les engager.
Ce sens du surnaturel, que nous donne lexemple de sainte Jeanne dArc, porte sur un point essentiel de notre Credo, actuellement bien souvent délaissé. Cest la communion des saints. Notre héroïne sadressait ainsi à ses prétendus juges "Je suis venue de par Dieu, de par la Vierge Marie, tous les benoîts saints et saintes du Paradis et (de par) lÉglise victorieuse de là-haut et de leur commandement".
Les vierges martyres Catherine et Marguerite ont été ses éducatrices et ses conseillères pendant sept ans, de Domrémy à Rouen. Saint Michel la toujours assistée et parfois aux combats avec des milliers danges. Or ce prince céleste, qui a repoussé pour toujours Satan, est protecteur spécial de la France. On peut penser quil lui appartient de la délivrer tout spécialement de la Franc-Maçonnerie, contre-Église de Satan, religion officieuse de la République anti-chrétienne, produite par ces philosophes quon appelle les "Lumières", oubliant que ce mot signifie aussi Lucifer.
Recourons donc à lÉglise triomphante, comme Jeanne qui vit au milieu des anges et des saints. Elle voit Charlemagne et saint Louis intercéder devant le trône de Dieu pour la France, et sur terre, de nombreux saints viennent partager son humanité.
Le deuxième enseignement de la mission de sainte Jeanne dArc, cest la nécessité dagir humainement, de ne pas craindre de guerroyer en comptant sur laide de Dieu, sans se dispenser dagir pour elle. Car il ny a chez Jeanne aucun angélisme, aucun spiritualisme déphasé de la réalité. Dieu dirige le monde en laissant agir notre liberté. Ce point de réalisme est contenu dans une célèbre réponse de Jeanne à son procès. On lui présente à peu près ce sophisme : si Dieu veut rendre la France au roi Charles, pourquoi faudrait-il alors utiliser lépée ? Sa réponse est restée célèbre : "Les hommes darmes batailleront et Dieu donnera la victoire !" En effet, serait-il convenable de demander une victoire que nous ne méritons pas ?
Agir cest dabord, et avant tout, pour chacun dentre-nous, laccomplissement du devoir détat, bien faire ce en quoi la Providence nous a établi, à notre place, dans nos communautés naturelles. Cest lapplication au travail, laffection bienveillante et les obligations morales envers les proches.
La France réelle, dans lhistoire, ce sont dabord des familles, des métiers, des écoles, des amitiés, des dévouements religieux ou politiques. Cest encore un art de vivre, des vertus simples, une culture et tout un esprit. Sy employer, cest uvrer pour la France.
La dernière leçon de lenseignement de Jeanne porte sur le but commun de la prière et de laction. Cest la proclamation de la royauté sociale de Notre-Seigneur Jésus-Christ et notre engagement derrière la bannière du Christ-Roi. Combien délans ou de mouvements chrétiens dans lordre politique ou social ont manqué leur but, dans notre histoire récente, pour ne pas avoir opposé aux principes de la Révolution, les principes mêmes du christianisme ? On sest laissé intimider, on sest cru plus efficace en taisant le nom même de Jésus-Christ, oubliant la phrase de lÉvangile "Sans Moi, vous ne pouvez rien faire". Jeanne dArc était victorieuse par son étendard au Christ-Roi. Elle nous invite à sengager derrière Lui.
Et en matière de royauté, on peut dire que Jeanne peut parler. Non seulement elle a fait sacrer le seul roi qui navait aucune chance de lêtre, mais elle a été elle-même, pendant quelques instants, Reine de France. Cest sur ce sommet temporel de son histoire que nous quitterons notre héroïne.[8] La scène se passe entre Charles VII et Jeanne, après la victoire dOrléans et avant le sacre de Reims Elle a pour témoin le Duc dAlençon, qui témoignera de lauthenticité du fait, au procès de réhabilitation. Il y a, à la bibliothèque vaticane un document du XVe siècle, le "Breviarium historiale" qui relate joliment lévénement.
Cest Jeanne qui parle : "Gentil roi, il me plairait avant de descendre dans le cercueil, davoir votre palais et votre royaume. Oh ! Jeanne, répond Charles VII, mon palais et mon royaume sont à toi. Notaire, écrivez, dit la Pucelle inspirée : le 21 juin à quatre heures du soir, lan de Jésus-Christ 1429, le roi Charles VII donne son royaume à Jeanne. Écrivez encore : Jeanne donne, à son tour, la France à Jésus-Christ Notre-Seigneur, dit-elle dune voix forte, à présent cest Jésus-Christ qui parle : "Moi, Seigneur Éternel, Je donne la France au roi Charles."
Cette déclaration a une portée juridique et politique importante, si on se replace dans le droit féodal. Le vassal dépendait dun suzerain. Pour commander en fait un fief, il se recommandait à la juridiction de son souverain, au cours dune cérémonie, la "commendatio". On voyait le vassal donner au suzerain son domaine et lui jurer fidélité. En retour le souverain rendait au vassal cette terre, sous le symbole dun peu dherbe ou de paille et linvestissait chef du fief. Au vassal dadministrer, au suzerain de le protéger.
Transposons : par sa royauté universelle, souveraine, le Christ est le vrai roi de France. Il confie son royaume à Charles VII, le roi lieutenant du Christ, qui tient lieu (sens du mot lieutenant) de roi pour le Christ-Roi. Dailleurs Jeanne nous le dit : "la France est à Dieu même." Elle lui a été donnée par saint Rémi et 1000 ans plus tard, par sainte Jeanne dArc. Sous linspiration divine, elle renouvelle le pacte de Reims, comme le bienheureux Charlemagne et saint Louis lavaient perpétué. Plus que les rois, ce sont les saints qui ont fait la France, qui ont formé son être moral.
Jeanne dArc ne sy trompe pas, elle qui appelle la France "le saint royaume". On a dit quen France le culte des saints est le fondement de la patrie. "La France, écrit Henri Pourrat, aurait pu faire léconomie de beaucoup de héros, de généraux et de savants, elle naurait pas pu faire léconomie de ses saints". Les saints ont fait la France et lont offerte à Dieu. Dieu ne peut donc quen prendre soin. Il prolonge miraculeusement son histoire comme au XVe siècle, si nous le Lui demandons et collaborons à son uvre de restauration chrétienne.
X Pour que France ressuscite !
À la question de savoir si la France va disparaître, la sainte de la patrie répond non et sa réponse vaut pour notre temps. En effet, à son procès de Rouen, (séance du 10 mars 1431) elle a prédit que "la France durerait plus de 1000 ans".
Si lon en croit Jeanne, la France a donc de beaux siècles devant elle et cela sexplique. Car la France ne disparaîtra pas sans avoir rempli sa mission, accompli sa vocation. Dailleurs, si elle avait dû disparaître aux alentours des XXe ou XXIe siècles, Jeanne dArc naurait pas existé. On peut même penser que la durée de notre histoire présage un redressement français. Cette espérance a pour elle une prophétie peu connue de saint Pie X. Sortant de son oratoire, après de longues heures de prière, avant le consistoire du 29 novembre 1911 où il était question de la France, le pape fit cette confidence à lun de ses proches (Mgr Bisletti) :"Oh ! Que la Sainte Vierge est bonne ! Elle vient de me consoler grandement en me donnant lassurance que la France serait sauvée !"
Car voyez-vous, quand le Bon Dieu a une idée sur une personne ou une patrie, cette vocation simpose avec beaucoup de constance et saccomplit avec beaucoup dimagination. Dans notre histoire, les gestes de Dieu ont réservé toutes sortes de surprises aux Français, comme à leurs adversaires. La Providence a de limagination pour nous conduire, faisons Lui confiance, dans labandon, qui ne vaut vraiment que sil est fait dans la nuit de lignorance. À lappel de lIle-Bouchard où la Sainte Vierge demandait en 1947 à des fillettes allant à lécole de beaucoup prier pour la France, demandons au ciel le relèvement de la patrie. Et à lexemple de sainte Jeanne dArc, agissons par tous les moyens temporels pour cette noble cause.
Alors la même histoire, toujours renouvelée, se répétera. Lhistoire où le bien, le vrai et la vie lemportent sur leurs contraires. Comme dans lÉvangile, le Maître guérira la jeune fille malade. Il réveillera le fils endormi ou ressuscitera lami des premiers jours qui était mort. Et la France se relèvera à lappel de cette voix entendue par saint Pie X : "Va, Fille Aînée de lÉglise, nation prédestinée, vase délection, va porter, comme par le passé, Mon nom devant tous les peuples et tous les rois de la terre".
Antoine Quercy
[1] Récemment réédité aux Éditions Saint Rémi, BP 80 - 33410 Cadillac.
[2] Boulainvilliers, sénéchal du Berry, chambellan du roi de Bourges, rédigea plusieurs enquêtes faites à Domrémy. (Procès T.V. p. 186).
[3] Mander : faire savoir par un message. (Sens 1 du dictionnaire).
[4] Mander : donner lordre de venir. (Sens 2 du dictionnaire).
[5] NDESR : lauteur de larticle se méprend sur ce point, nous linvitons à lire ce que le père Ayroles pensait lui-même de Charles Maurras, dans sa lettre que nous avons publié dans la plaquette : JEANNE D'ARC ET L'ACTION FRANÇAISE - ENQUÊTE
[6] Cette partie renvoie au livre de Mgr Delassus : La Mission Posthume de la bienheureuse Jeanne dArc, réédité aussi aux éditions Saint Rémi.
[7] NDESR : disponible aux éditions Saint-Remi
[8] NDESR : nous devons à Louis-Hubert et Marie Christine Remy cette redécouverte historique, la triple donation du royaume entre Jeanne, NSJC et Charles VII. Ils ont écrit une plaquette sur ce sujet : Jésus-Christ, Roi de France, disponible aux ESR (le livre est en ligne sur le site ACRF). Dailleurs Frank Abed a consacré une petite vidéo de présentation de ce livre : la voir
LESPRIT FAMILIAL DANS LA FAMILLE,
DANS LA CITÉ ET DANS LÉTAT Mgr H. Delassus Éditions Saint Remi 213 pages 16
1- Les lois naturelles du genre humain.
Dieu a voulu que nous soyons constitués dans la dépendance de nos parents et dans la hiérarchie qui devait naître de cette dépendance.
Aujourdhui, les individus seuls sont comptés, lÉtat ne connaît que des citoyens dispersés, cela est contraire à lordre naturel selon lequel lÉtat a pour éléments constitutifs les familles et non les individus. Aux yeux du capitalisme, lhomme sefface. Il nest plus quun moyen vers le but poursuivi, la fortune, pour pouvoir se livrer au bien-être, au luxe et aux plaisirs que largent permet de se procurer. Dautre part, légoïsme a tué lamour du prochain.
Le principe de cette décadence sest trouvé dabord dans laristocratie (cest-à-dire lélite), lorsquelle a négligé ses devoirs. À une aristocratie de race a succédé une aristocratie de propriétaires qui est devenue une aristocratie de la finance. Avec laristocratie de largent, il ny a plus de liens entre petits et grands, le pauvre conspire par cupidité, le riche conspire par peur.
2 - Les ressources du christianisme.
Cest lunion qui fait quun ensemble se tient et forme un tout. Or lunion procède de lamour qui est donc la première loi du monde moral. La charité est le lien de la perfection. Le christianisme offre des ressources puisquil est la source pure de la charité cest à dire le principe générateur des affections réciproques. Seule la religion catholique fera entendre la voix de la conscience et du devoir, mettra un frein aux convoitises et amortira limpétuosité des passions mauvaises.
3 - La place de la famille.
Aucune société ne peut subsister sans lassistance mutuelle qui doit être constante et organisée. Alors que la loi du règne animal, cest la lutte pour lexistence, la principale loi de lhumanité, cest lentente pour la vie. Lamour provoqué par le lien du sang, la communauté de vie et de péril, le besoin de protection en commun sous légide dun chef, engendrent la solidarité familiale.
Les familles forment le germe de lÉtat.
L'autorité familiale (celle du père), est de caractère religieux (image du père éternel). Lautorité accordée au père de famille est une conséquence légitime de cette dignité naturelle qui est de continuer l oeuvre de la création. A lautorité du père doit se joindre la sainteté de la mère ; si la mère se fait un devoir dimprimer à son enfant le caractère divin, la main du vice ne leffacera jamais entièrement. Le mari nourrit la famille, la femme élève les enfants.
Dans la famille souche, celui qui hérite doit prendre en charge les autres membres plus faibles. Ceux qui nont quune part minime doivent chercher fortune. Aussi, les familles souches ne peuvent se maintenir que dans la mesure où elles peuvent garder les biens qui les aident à se perpétuer.
Toute famille doit tendre à avoir une histoire. Le livre de raison dune famille contient la généalogie et lhistoire de la souche domestique, le présent (la vie daujourdhui) et les enseignements laissés par les parents. Cest un résumé de tout ce qui moralement et matériellement constitue la famille.
4 - Les spécificités françaises.
Les monarchies chrétiennes de lEurope sont toutes loeuvre dune famille. LAllemagne, lItalie, qui comme la France sont issues de lempire de Charlemagne, nont pu réaliser leur unité quà la fin du XIX siècle, alors quen France, cest la famille capétienne, cest la fixité de la dynastie royale fondée sur la loi salique qui a formé et maintenu lunité nationale. Cest grâce à ce principe de lhérédité que la royauté française put acquérir au cours des siècles les conditions de force, de durée, nécessaires à sa puissance et à son rayonnement.
Ce fut au XIIIe siècle que lorganisation sociale fondée sur le dévouement et les services réciproques gagna son apogée, et ce fut à cette époque que la nation française atteignit son plus haut degré de prospérité et un ascendant sur les autres nations.
Après les États de lÉglise, cest en France que la royauté était la plus dégagée des liens terrestres, la plus spiritualisée. Le Roi était plus le père de son peuple que de ses propres enfants qui étaient fils de France (lensemble des familles françaises était gouverné comme une famille.) Lonction du sacre donnait au Roi un certain caractère de sainteté qui établit des rapports particuliers entre Dieu et le Roi (le pouvoir des écrouelles qui était donné non par une vertu innée mais par une grâce accordée par lintercession de Saint Marcoul qui lobtint pour tous les rois de France).
La société était ainsi organisée : la bourgeoisie rassemble des familles respectées qui se sont constitué des patrimoines. La noblesse, constituée de lensemble des familles dont lélévation des sentiments et la situation acquise par de longs mérites, est employée au service gratuit du pays (elle devait toute sa vie se tenir à la disposition du Roi comme soldat ou officier). Par ailleurs la noblesse a une fonction sociale vis à vis dun groupe déterminé dhabitants du royaume. Laristocratie, ce sont les meilleurs au service de lÉtat.
La politique de Louis XIV sattacha à séparer les gentilshommes du peuple en les attirant à la cour. Croyant saffermir, la royauté détruisit de ses propres mains le fondement où elle était établie.
En France, la société a conservé le type familial jusquà la révolution qui sest fixé comme devoir démanciper les individus et rendre la personne humaine cellule élémentaire organique de la société.
Lesprit et le texte du code civil sont opposés à toute continuation, à toute perpétuation de la famille qui nest considérée que comme momentanée et qui se dissout à la mort dun des contractants. La place quoccupait le fils ainé dans lancienne société est prise par le fils unique dans la société nouvelle. La désorganisation de la famille a été promulguée par les lois sur le divorce, légalité de la femme dans léconomie du ménage (affaiblissement de lautorité), le partage légal des biens entre les enfants qui rend chaque génération indépendante de celles qui lont précédée. Lautorité paternelle nexiste plus, cest la loi, cest à dire lÉtat qui attribue aux enfants leur part dans lhéritage.
5 - Les conditions pour la guérison des nations et de la nation française.
La grande erreur des démocrates est de vouloir élever tous les hommes à la fois.
La puissance et la prospérité dune nation, cest la puissance de ses vertus morales. Il faut des traditions sous les lois mais il faut léducation familiale sous les traditions pour les soutenir et les maintenir. Lesprit familial est une des conditions dexistence, de vie et de prospérité dont la société humaine a besoin. Il ny a rien de pire pour un peuple que labandon de ses traditions et la perte de son idéal ; chez lui sinstalle alors le plus subtil des maîtres, largent.
La France est née, elle a vécu catholique et monarchique. Sa croissance et sa prospérité ont été en lien direct, du moment quelle sest attachée à son Église et à son Roi. Toutes les fois que ses énergies se sont exercées à lencontre de ces deux idées directrices, lorganisation nationale a été profondément et dangereusement troublée.
En restaurant dans les curs les nobles sentiments qui inspirèrent les institutions du passé, naîtront des institutions nouvelles conformes à létat présent de la société.
Labolition des lois révolutionnaires, passe par la reconquête de la liberté de constituer un patrimoine familial transmissible de génération en génération et la renaissance des traditions familiales qui permettent de raviver lesprit de famille.
Pour échapper aux effets de lindividualisme, il est nécessaire de recréer des associations selon le mode corporatif qui unisse les riches et les pauvres. La solution vis à vis de la question ouvrière et plus généralement vis à vis des questions sociales est une forme morale qui rétablirait la réciprocité du dévouement et des services. Cette réforme doit résulter dune éducation nouvelle à qui il appartient aux classes supérieures de lentreprendre en commençant par elle-même.
A.B.J.
LIVRES POUR JEUNES
CE PETIT GARÇON DE BUREAU père Francis Finn
Édition saint Rémi - 158 pages 2010 - 14
Nous sommes dans une école catholique américaine et Michel, 14 ans, secrétaire du père directeur, lit le journal pour tromper son ennui... Une petite annonce le fait bondir. Le journal local lance un concours : un piano à queue sera offert à qui collectera le plus grand nombre de coupons contenus dans chaque exemplaire du journal. Lécole décide de concourir et soudain le jeune Michel se trouve, suite à la brutale maladie du directeur, chargé de la lourde responsabilité de mener à bien cette affaire. La concurrence est effrénée car de puissantes associations décident également de concourir. Michel va montrer des grandes qualités dingéniosité et de persévérance et lorsque le père directeur réintègre son poste, il le félicite de son comportement. Ce récit véridique est plein de vie, de charme et comme toujours dans les histoires du père Finn, il amènera lenfant à réfléchir à quelques questions sérieuses comme ici les rapports entre lhonnêteté et lhonneur ou comment se débarrasser de scrupules dans la vie spirituelle. Pour garçons et filles dès 11-12 ans.
I.N.
LA PRÉSENCE RÉELLE ET LES MIRACLES
DU SAINT. SACREMENT - Monseigneur de Ségur -
Éditions Saint-Rémi -Réédition 2010 - 116 pages - 12
Écrit en 1865, ce remarquable exposé de la doctrine catholique sur la sainte Eucharistie s'adresse à tous à partir de 14 ans ; les châtiments extraordinaires et surnaturels de quelques ennemis de Dieu qui se sont livrés à l'impiété ou à un sacrilège ainsi que les miracles du Saint-Sacrement rapportés dans cet ouvrage peuvent être compréhensibles dès la première Communion.
L'existence de miracles contraint les plus tièdes à réfléchir avec sérieux sur la présence réelle de Jésus dans l'Eucharistie tandis que la science moderne est obligée de s'incliner face à de telles manifestations inexplicables de Notre Seigneur. Cependant Monseigneur de Ségur répète que : "ils ne sont point nécessaires pour que nous croyions. Ce n'est pas sur eux que repose notre foi : c'est avant tout sur l'enseignement infaillible de la sainte Église catholique, par qui Dieu et son Christ apprennent au monde ce qui est vrai et ce qu'il faut croire."
Agréable à lire en raison de la fluidité du style, des mots simples et justes, ce livre nous invite à recevoir souvent Jésus dans une bonne Communion, source de toutes les grâces.
M.A.G.
INVITATION :
A l'occasion de la parution de ce nouvel ouvrage de circonstance, nous vous invitons à venir supplier la Sainte de la Patrie, la messagère du Christ Roi de France, le 25 juin prochain à Saint-Benoît-sur-Loire. Cette journée organisée par les Amis du Christ Roi de France, et les éditions Saint-Remi y tiendront un stand de livres. Cette année 2011 est la vigile du 600ème anniversaire de la naissance de Sainte Jeanne d'Arc et le 1500ème anniversaire du rappel à Dieu de Clovis. "Il y a grande pitié au royaume de France", venez prier Sainte Jeanne en ce lieu historique de la triple donation.
PROGRAMME ET DETAILS PRATIQUES
Des offres promotionnelles seront proposées sur place. Si vous souhaitez y voir certains titres, faites le nous savoir dès maintenant, il nous est impossible d'amener un exemplaire de chaque titre de notre catalogue riche de 1100 ouvrages.
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